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EPISTRE.


de ceux que vous leur devez, vous trouvez encore des momens pour vaquer aux Sciences. Vostre Altesse Serenissime sçait se partager entre son devoir & son inclination, si pourtant il est permis de separer ces deux choses dans un Prince dont la plus forte inclination a toujours esté pour son devoir. Ce n'est qu'aprés avoir satisfait à vos obligations essentielles, que vous vous pressez, pour ainsi dire, à l'estude ; elle est pour vous un délassement agréable qui vous tient lieu de ces plaisirs vains & dangereux, dont vous avez toujours êu un entier éloignement.

Une conduite si sage & si reguliere ne pouvoit manquer de plaire infiniment au grand Prince à qui vous avez toujours eu tant de cœur de plaire en toutes choses : il y reconnoist avec un sensible plaisir les fruits heureux de l'éducation qu'il a pris soin de vous donner luy-même ; & le contentement qu'il en reçoit, augmente de jour en jour cette tendresse extreme qu'il a toujours êuë pour vous. Quelle consolation, Monseigneur, pour un Roy qui donne de si grands exemples de pieté & de vertu à tout son Royaume, & qui fait avec tant de gloire éclater dans toute l'Europe son zele pour la Religion, de voir que les Personnes qui luy sont aussi cheres que Vostre Altesse Serenissime, s'attachent à l'imiter comme vous faites, dans les vertus qui sont le plus selon son cœur !

C'est à son exemple, Monseigneur, que non content d'édifier le monde chrestien par la regularité de vostre conduite, vous portez encore vostre zele jusques dans le monde idolâtre ; & que par les liberalitez que vous y répandez, vous contribuez, de la maniere que vostre état & vostre rang vous le permettent, a l'établissement de la Religion chez les Infideles.

Des vûës si pleines de Christianisme ne surprennent point dans un Prince qui se fait, comme vous, une estude de sa Religion, & qui employe un temps considerahle à la lecture des saints Peres. Tout cela,Monseigneur, ne donne-t-il pas lieu de présumer qu'il entre beaucoup de religion dans l'ardeur que vous témoignez à faire fleurir les belles Lettres ; & n'est-on pas bien fondé à


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