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ABA. ABA. ABA.

Abjuré, ée. part. pass. & adj. Damnatus, abjectus, repudiatus.

ABL.

ABLAB, s. m. Arbrisseau de la hauteur d’un sep de vigne, dont les rameaux s’étendent de même. Il croît en Egypte, & subsiste un siècle, également verd en hyver & en été. Ses feuilles ressemblent à celles de nos fèves de Turquie, & ses fleurs qu’il porte deux fois l’an, au printemps, & en automne, sont presque pareilles. Cette plante produit des fèves qui servent de reméde contre la toux & contre la rétention d’urine. Les Égyptiens s’en nourrissent.

ABLAIS, s. m. Terme de Pratique en quelques Provinces. Dépouille de bleds. La Coûtume d’Amiens défend d’enlever les fruits, & ablais, quand ils sont saisis, sans donner caution au Seigneur de ses droits.

ABLATIF, s. m. Terme de Grammaire. Sixième cas de la déclinaison du nom & du participe, qui exprime un rapport de séparation, de division, ou de privation. Ablativus Casus, auferendi casus. On dit aussi ablatif absolu, quand il est sans régime. On l’a nommé autrefois ablatif égaré. On dit populairement ablativo tout en un tas ; c’est-à-dire, tout ensemble, avec confusion. Le mot d’ablatif Latin a été fait ab auferendo. Priscien l’appelle aussi comparatif, parce qu’il ne sert pas moins à comparer qu’à ôter, parmi les Latins. Les Grammairiens prétendent que les Grecs n’ont point d’ablatif.

ABLE, ou ABLETTE, s. m. Petit poisson plat & mince, qui a le dos verd & le ventre blanc. Alburnus. Il se trouve dans les riviéres. Il semble que ce mot vient d’albus, & qu’on dit able, pour albe, à cause de sa blancheur, par une simple transposition de lettres assez ordinaire dans les Langues.

ABLERET, Terme de pêche. C’est une espèce de filet carré attaché au bout d’une perche, avec lequel on pêche les ables, ou autres petits poissons : ce qui est permis par plusieurs Coûtumes. On l’appelle en quelques païs trable-etiquette, ou simplement Carré..

ABLOQUIEZ, adj. plur. Terme de Coutume. Celle d’Amiens défend aux Tenanciers de démolir aucuns édifices abloquiés & solivés, dans l’heritage qu’ils tiennent en roture, sans le consentement de leur Seigneur. Ces mots viennent apparemment de amovere à loco & à solo.

ABLUTION, s. f. Ablutio. Qui n’est en usage en François que pour signifier cette goutte de vin & d’eau qu’on prend après la Communion, pour consommer plus facilement la Sainte Hostie, ou qui sert à laver les doigts du Prêtre qui a consacré, ou dans quelque autre cérémonie ecclésiastique. Faire l’ablution. De là vient qu’on appelle aussi ablution, le vin que l’on mettoit dans un calice pour le donner aux enfans, à qui l’on administroit autrefois la Communion sous la seule espéce liquide. On voit cette coutume dans quelques Rituels voisins du douzième siècle. La ressemblance de cette action avec l’ablution que prennent les Prêtres à la Messe, lui a fait donner le même nom.

Ablution, se dit aussi chez les Religieux qui portent des habits blancs, de l’action de les blanchir & de les nettoyer. Lotio, lotura. Il y a des écriteaux qu’on met dans les cloîtres pour marquer les jours d’ablution.

Ablution. Les Médecins & les Chirurgiens appellent ablution, une préparation du médicament dans quelque liqueur, pour le purger de ses immondices, ou de quelque mauvaise qualité.

ABN.

ABNÉGATION, s. f. Terme de dévotion. Renonciation à ses passions, à ses plaisirs, à ses intérêts. Abnegatio. L’abnégation de soi-même est nécessaire pour la perfection Chrétienne. Il n’est guère en usage que dans cette phrase, & pour signifier un renoncement de soi-même, & un détachement de tout ce qui n’a point de rapport à Dieu. L’abnégation & la haine de soi-même recommandées dans l’Evangile, ne sont pas une haine absolue de nous-mêmes, mais de notre corruption. Fenel. La pauvreté religieuse renferme une abnégation & un renoncement sincère à tout ce qui n’est point Dieu, & qui ne peut contribuer ni à sa gloire ni à son service. Ab. d. l. Tr. Vivre dans une sincère abnégation. Id. Ce terme vient du Latin abnegare, qui signifie désavouer, ne vouloir point reconnoître une chose comme sienne.



ABO.

ABOI, Voyez Abboi.

ABOILAGE, s. m. Vieux mot qui se trouve encore dans quelques Coutumes, & qui signifie un droit du Seigneur sur les abeilles qui se trouvent dans les forêts de leurs Châtellenies. Il a été formé d’aboilles, qu’on disoit autrefois pour abeilles. Ménag.

ABOLIR, v. act. Mettre quelque chose hors d’usage, l’abroger, l’annuller. Abolere, abrogare, refigere. Le Magistrat a aboli cette méchante coutume. Le Roi a aboli une telle Loi, une telle procédure ; il a entièrement aboli les duels. Il signifie encore, Détruire, anéantir. Le temps a aboli les plus beaux Monumens de l’antiquité. Il n’y a que le Roi qui puisse abolir un crime ; c’est-à-dire, absoudre le coupable, & l’exempter du châtiment. On dit aussi abolir, ou effacer la mémoire & le souvenir des choses passées. Oblitterare memoriam. Abolir, ou bannir la superstition. Superstitionem tollere. Abolir ou révoquer les impôts. Le temps qui consume tout, abolit tous les jours les noms & les titres qui sont gravés sur ces magnifiques monumens. Bouh. Ce mot vient du Latin abolere, ita extinguere & delere, ut ne oleat quidem.

Abolir, se dit aussi avec les pronoms personnels. Les Mandats Apostoliques se sont abolis par un non usage. Il ne faut pas souffrir que les bonnes coutumes s’abolissent.

Aboli, ie, part. pass. & adj. Abolitus, abrogatus. Loi abolie, Crime aboli.

ABOLISSEMENT, s. m. Abrogation, extinction. Abolitio legis. L’abolissement, ou l’abrogation des Loix se fait par l’établissement des nouvelles. L’abolissement des coutumes arrive par le temps, & par le non usage. L’abolissement des cérémonies Judaiques a été l’effet de la Prédication de l’Évangile.

ABOLITION, s. f. Terme de Chancellerie. Abolitio criminis. Lettres de pardon du Prince, par lesquelles il abolit entièrement un crime qui n’est pas remissible par les Ordonnances, sans même qu’on soit tenu d’en expliquer les circonstances, & de les rendre conformes aux informations, ainsi qu’il est requis aux Lettres de grace, qui ne s’accordent que pour les cas remissibles. Absolutoriæ litteræ. Les Lettres d’abolition doivent contenir cette clause : En quelque sorte & manière que le cas puisse être arrivé. Celui qui obtient l’abolition de son crime se met au nombre des innocens, & reprend son premier rang, Liv. III. ff. de accusat. De Roch. Quoique la parole d’un Roi soit un fondement inébranlable ? néanmoins en matière de crime de Lèze-Majesté, il faut toujours faire entériner les Lettres d’abolition au Parlement. Matthieu, en la vie de Henri IV. Liv. V. De Roch. L’amnistie est une abolition générale de tout ce qui s’est commis durant la Guerre Civile. Un vrai acte de contrition emporte l’abolition de tous les péchés : en ce cas il signifie Absolution.

Abolition, signifie aussi la destruction d’une Loi, d’une Coutume. On a eu bien de la peine à faire une entière abolition des superstitions Payennes. L’entière abolition de l’Ordre des Templiers.

ABOMINABLE. adj. m. & f. Horrible, détestable, exécrable. Abominandus, detestandus. Le repas d’Atrée & de Thyeste fut un repas abominable. Néron étoit un monstre abominable, L’hérésie d’Arius étoit abominable. Le parricide est un crime abominable. Il se dit par exagération de tout ce qui est très-mauvais. Une phrase abominable, une musique abominable.

ABOMINABLEMENT. adv. Exécrablement, horriblement. Abominandum, detestandum in modum. Il en a usé avec lui abominablement ; c’est-à-dire, d’une manière détestable : & par exagération, il écrit abominablement.

ABOMINATION. s. f. Horreur, exécration. Abominanda, detestanda res. L’Eglise a cette opinion en abomination. Le Seigneur a en abomination les sanguinaires. Saen. Ce scélérat est en abomination à tous les gens de bien. Ce mot signifie aussi la chose, ou la personne même abominable. Ce brigand commet tous les jours mille abominations. Il est l’abomination de tous les gens de bien.

ABOMINER. v. a. Vieux mot qui n’est plus en usage. Avoir en horreur. Abominari, execrari.

Ces mots viennent d’abominari, comme qui diroit, ab omine rejicere, rejicere tamquam malum, Rejeter une chose comme si elle étoit de mauvais augure.

ABONDAMMENT. adv. En abondance. Abundanter, abundè, copiosè, cumulatè. Cette source donne de l’eau abondamment. Ce champ me fournit abondamment dequoy vivre.


Le Parasite ne seme ni ne moissonne, & trouve tout abondamment.

ABONDANCE, s. f. Foison, grande quantité, affluence de plusieurs choses en un même lieu. Abundantia, copia. La commodité des rivières amène l’abondance à Paris. Le luxe, les plaisirs, enfans de l’abondance. Cail. On se lasse des plaisirs, & l’abondance engendre le dégoût. Ablanc. L’abondance n’est pas toujours la marque de la perfection des Langues. Bouh. Tu épouseras une femme gentille, qui fera venir l’abondance chez toi. Mol. Il étoit dans une heureuse abondance de toutes choses. Patr. Il fit un fonds dans les années d’abondance, pour passer celles de stérilité. Gomb. Il a abondance de bien, ou des biens en abondance. L’Auteur du Dictionnaire Œconomique rapporte plusieurs manières, ou secrets de faire une grande abondance de bled, de crème, de pèches, de poires, &c. On dit aussi, abondance de droit. Dieu verse sur nous ses graces en abondance. Une année d’abondance.

On appelle la corne de la chèvre Amalthée, la corne d’abondance. Copiæ cornu. En Sculpture & en Peinture, c’est une figure de corne d’où il sort des fruits. L’Architecture de ce Palais est ornée par-tout de cornes d’abondance. A l’égard des Médailles on observe qu’elle se donne à toutes les Divinités, aux Génies, aux Héros, pour marquer les richesses & l’abondance, procurées par la bonté des Dieux, & par la valeur des Héros. Quelquefois l’on en met deux pour marquer une abondance extraordinaire.

L’abondance est quelquefois représentée sur les Médailles, sous la forme d’une Divinité. Elle tient à la main des épics, & elle a à ses pieds un pavot entre des épics sortant d’un boisseau.

On dit proverbialement, De l’abondance du cœur la bouche parle ; pour dire, qu’on ne peut retenir certaines choses, & qu’on est pressé de s’en expliquer.

ABONDANT, ante. adj. Qui a abondance, Abundans, affluens, circumfluens. Un jardin abondant en fruits. La langue Grecque est fort abondante en mots & en phrases. Cette maison est abondante en biens. Ce Prédicateur est abondant en paroles & en comparaisons. La Perse étoit alors paisible & abondante en toutes choses. Vaug.

Abondant, signifie encore, grand & ample. Une pluye abondante. Une abondante nourriture. La profusion des louanges est aujourd’huy si abondante, qu’il est surprenant que tant de gens en soient si avides. Port-R.

d’Abondant. adv. En outre. Insuper, prætereà. Il lui a dit cela d’abondant. Ce mot vieillit, & ne se dit guère qu’au Palais. Vaug.

ABONDER. v. n. Avoir beaucoup de quelque chose. Abundare, affluere, circumfluere. Ce pays abonde en froment, en vin, en fourrages. Cet homme abonde en richesses, en esprit. Toutes sortes de délices abondent en ce lieu. Voit. L’eau abonde en cet étang. Cette famille abonde en honnêtes gens.

On dit figurément, qu’Un homme abonde en son sens ; pour dire, qu’il est attaché avec opiniâtreté à ses opinions, & qu’il ne veut jamais s’en rapporter au sentiment des autres. Pertinax. On parleroit mal en disant, Abonder en son sentiment, quoyque sens & sentiment soient icy la même chose. Vaug.

Il abonde en malice, en mauvais raisonnemens. L’Écriture dit que la grace abondera où le péché a abondé. On dit proverbialement, Ce qui abonde ne vitie pas.

Ces mots viennent du Latin abundare, qui vient de unda, & qui se dit en premier lieu des rivières quand elles sont grosses, & ensuite par rapport de toutes les choses qui sont en grande quantité.

ABONNEMENT, ou ABOURNEMENT, ABONNAGE, ou ABOURNAGE. s. m. Traité ou convention, par lequel on abonne, c’est-à-dire, on vend ou on rachete à un prix certain une redevance incertaine. Clientelaris juris venditio, vel redemptio. Ce mot vient de ce qu’on met de certaines bornes & limites aux droits incertains qu’on pourroit prétendre. Paq. On disoit même autrefois bonnes pour bornes, ou limites. C’est pourquoi on disoit, Abonner un héritage ; pour dire, y mettre des bornes. Ménag. Il est abonné à tant par an pour tous droits Seigneuriaux. Ce Marchand est abonné à cent écus par an avec le Douanier, pour les droits d’entrée de toutes ses marchandises. Il se dit avec le pronom personnel : Je m’abonnai, je suis abonné. Par plusieurs Coutumes les


Tome I.

s’abattre