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ABR. ABR. ABS.


état, ils rejeterent ces sortes de Patriarches, & envoyerent au Caire pour avoir un Métropolitain de la main du Patriarche des Cophtes.

Alexis Menesès, de l’Ordre de S. Augustin, ayant été fait Archevêque de Goa, prit la qualité de Primat de l’Orient ; & en cette qualité de Primat des Indes, il prétendit étendre sa juridiction jusque dans l’Ethiopie : il y envoya des Missionnaires avec des lettres pour les Portugais qui étoient en ce pays-là, & il écrivit en même temps au Métropolitain des Abyssins. L’Histoire de ce que Menesès a fait dans les Indes pour la Religion, a été imprimée à Bruxelles en 1609, et elle mérite d’être lûë.

Cet Archevêque & plusieurs autres Missionnaires se sont trompés, quand ils ont accusé les Ethiopiens de judaïser, parce qu’il y en a plusieurs parmi eux qui se font circoncire. La circoncision des Ethiopiens est fort différente de celle des Juifs qui la regardent comme un précepte, au lieu que les premiers ne la considerent que comme une coutume qui n’appartient point à la Religion. L’on circoncit même parmi eux les filles, en coupant une certaine superfluité qu’ils croient nuire à la conception. Les Cophtes observent la même chose. Il y a bien de l’apparence que cet usage de la circoncision, qui est fort ancien chez ces peuples, n’y a été introduit que pour rendre les parties qu’on circoncit plus propres à la génération.

Les Ethiopiens ont une langue particulière, qu’ils nomment Caldéenne, parce qu’ils croient qu’elle tire son origine de la Caldée : Mais elle est très différente du Chaldéen ordinaire. C’est pourquoi on l’appelle langue Ethiopienne, & qui n’est pas la même que l’Ethiopien d’aujourd’huy. Leurs Liturgies & leurs autres Offices divins sont écrits en cet ancien Ethiopien, que le peuple n’entend plus. Cette Langue a des caractères particuliers, & elle n’a pas de points voyelles séparés des consonnes, comme il y en a dans l’Hébreu & dans les autres Langues orientales ; mais elles sont attachées aux consonnes, comme il y a dans l’hebreu & dans les autres langues Orientales, mais elles sont attachées aux consonnes mêmes, en-sorte que dans l’Ethiopien il n’y a point de consonne qui ne porte avec elle sa voyelle. Voyez de Moni, Histoire de la Créance & des coutumes des nations du Levant, chap. XI.

ACA.

ACABIT, s. m. Bonne ou mauvaise qualité d’une chose. Natura, genus. Les Rôtisseurs s’en servent en parlant de leurs viandes. On le dit particulièrement des fruits & des légumes, selon qu’ils sont de bonne nature, de bon plan, & de bon terroir. Des poires d’un bon acabit ; ce qui veut dire proprement qu’elles sont d’un bon débit. Quelques-uns le disent aussi des viandes & des étoffes. Ménage dit que le Peuple a dit d’un bon acabit ; pour dire, d’un bon achat. Boursaut a dit acabie.

ACABLEMENT, ACABLER. Voyez ACCABLEMENT, ACCABLER.

ACACALIS, s. m. C’est le fruit d’un arbrisseau qui croît en Egypte.

ACACIA, s. m. Terme de Botanique, qu’on donne à divers arbres, quoique fort différens entre-eux. Acacia. Il y a un acacia, qu’on appelle aussi Cassie, ou selon Mr d’Herbelot Gagie, en Latin spina Ægyptia, qui croît en Egypte, & qui est un grand arbre épineux, dont la fleur est jaune en quelques-uns, & blanche en d’autres : son fruit, qui est contenu dans des gousses, est semblable au lupin. Cet arbre nous fournit la gomme Arabique, & un suc qu’on appelle le Vrai acacia. Il y a une sorte d’arbre qui croît à Malabar, & à Cranganor, qu’on appelle aussi acacia. En Mésopotamie près du Tygre, & dans les déserts d’Arabie près de l’Euphrate, on donne ce même nom à d’autres Arbres, qui sont pourtant différens. Il y a encore un acacia du Brésil, & un de Virginie. Il y en a un autre différent des précédens, qu’on appelle acacia de l’Amérique, ou acacia Americana Robini. Cet arbre étranger n’est devenu commun en France que depuis 1650. Celuy-ci a un tronc ample & dur, & une écorce noirâtre, qui n’est point armée d’épines, comme les acacias d’Egypte, & de Cappadoce. Il jette par le haut des branches tendres, moëlleuses, & qui sont garnies de beaucoup de pointes aiguës. Ses feuilles ont cela de particulier, que sur le soir elles se replient


par le milieu ; & le matin, le soleil revenant, elles se rouvrent. Ses fleurs sont blanches, & à bouquet. Depuis quelque temps on fait en France de belles allées de cet arbre. Il est indéclinable. Deux acacia au pluriel. Ménage.

Acacia : a vera, le vrai acacia, en termes de Pharmacie, est le suc épaissi de l’arbre qu’on appelle acacia. Ce suc qu’on tire du fruit est haut en couleur, & d’un rouge assez beau, d’une substance compacte, mais qu’on peut casser en frappant dessus, lorsqu’il est bien desseché. On l’apporte en boules dans des vessies minces. Son gout est stpsique, & tant soit peu piquant, mais assez agreable.

Acacia (Germanica) d’Allemagne, est le suc tiré par expression du fruit de prunier sauvage, qu’on cuit en consistence d’électuaire, & qu’on substitue à la place du vrai acacia. On appelle aussi acacia d’Allemagne, l’arbre même.

Acacia. s. m. Nom qu’on donne à une espèce de sachet, ou de rouleau long & étroit, qui se voit dans les Médailles, à la main des Consuls, & des Empereurs, depuis Anastase. On ne sçait pas trop de quoy étoit composé ce rouleau, & il n’est pas aisé d’en deviner le mystère. Les uns disent que c’étoit un mouchoir plié, que jettoit celui qui présidoit aux jeux, pour les faire commencer. D’autres disent que c’étoit un rouleau de mémoires que l’on présentoit à l’Empereur ou aux Consuls.


ACADÉMICIEN, enne, s. m. & f. Qui est reçu dans une Académie d’Arts, ou de Sciences. Academicus. On a ajoûté un féminin en faveur de Me des Houlières. L’Académie d’Arles lui a envoyé des Lettres d’Académicienne. C’est la première de son sexe à qui l’on ait déféré cet honneur.

Académicien, s. m. Sectateur de Platon, qui est le fondateur de l’Académie. Les Académiciens tenoient qu’il ne faut rien affirmer, & que nous ne sçavons qu’une chose, c’est que nous ne sçavons rien : Unum scio, quod nihil scio. Ils prétendoient que l’esprit doit demeurer en suspens, parce qu’il ne peut se déterminer que sur des vraisemblances, & sur des apparences qui le peuvent tromper. Platon avoit pris de Socrate le fonds & la substance de sa Doctrine. Au reste, en apprenant à ses disciples à douter de tout, c’étoit moins pour les laisser toujours flotans, & suspendus entre l’erreur & la vérité, que pour s’opposer aux décisions précipitées des jeunes esprits, & pour les mettre dans une disposition plus propre à se garantir de l’erreur, en examinant sans préjugé. Mr Descartes entre les Modernes a adopté ce principe des Académiciens.

ACADEMIE, s. f. Assemblée des gens de Lettres, où l’on cultive les Sciences & les beaux Arts. Academia. En France il y a toutes sortes d’Académies établies par Lettres Patentes dans Paris : l’Académie Royale des Sciences, pour cultiver la Physique, la Chymie, & les Mathématiques : l’Académie Françoise, pour la pureté de la Langue :

l’Académie des Médailles & des Inscriptions :

l’Académie d’Architecture, pour les bâtimens. L’Académie de Peinture est une belle école de Peintres & de Sculpteurs. Et l’Académie de Musique est établie pour les Opéras. Il y en a même d’établies dans les Villes particulières, comme à Arles, à Soissons, à Nismes, &c. Il y a à Toulouse l’Académie des Lanternistes. Il y a aussi dans la plupart des Villes d’Italie des Académies, dont les noms sont curieux à cause de leur bisarrerie. A Sienne on appelle les Académiciens, Intronati : à Florence, Della Crusca ; à Rome Humoristi, Lyncei, Fantastici : à Bologne, Otiosi : à Gennes, Addormentati : à Padouë, Ricovrati, & Orditi : à Vincenze, Olympici : à Parme, Innominati : à Milan, Nascosti : à Naples, Ardenti : à Mantoue, Invaghiti : à Pavie, Affidati : à Cesene, Offuscati : à Fabriano, Disuniti : à Fayence, Filoponi : à Ancone, Caliginosi : à Rimini, Adagiati : à Cita del Castello, Assorditi : à Perouse, Insensati : à Ferme, Rafrontati : à Macerata, Catenati : à Viterbe, Ostinati : à Alexandrie, Immobili : à Bresse, Occulti : à Trevise, Perseveranti : à Verone, Filarmonici : à Cortone, Humorosi : à Luques, Oscurri : Mr Pelisson en a donné ce Catalogue dans son Histoire de l’Académie.

Il y a encore à Florence une Académie de Physique nommée del Cimentò, où l’on fait plusieurs expériences Physiques & Astronomiques. Elle a été établie par Laurent de Médicis, & est


souvent citée par Francisco Redi Médecin. On a depuis peu établi à Venise une Académie de Sçavans ; une autre à Dublin, une autre à Oxford, qui travaillent à l’avancement des Sciences. Il y a eu une Académie en Allemagne, établie sous le titre d’Académie des Curieux des secrets de la Nature dans le Saint Empire Romam. L’Empereur lui donna sa protection en 1670. Elle fut établie dès 1652. par le Sieur Bauch Médecin. L’une des plus fameuses de toutes les Académies, est celle qui est établie à Londres, sous le nom de Société Royale d’Angleterre, qui est composée de plusieurs Sçavans de qualité, qui nous ont fait voir plusieurs beaux Ouvrages, & dont on a vû aussi d’excellens Journaux, sous le titre de Philosophical Transaction.

Quelques-uns font venir ce mot de Cadmus Phénicien, parce qu’il fut le premier Instaurateur des Lettres. Mais la vraye origine vient d’Academus, ou Ecademus, nom propre d’un Bourgeois d’Athènes, dont la maison servit à enseigner la Philosophie. Il vivoit du temps de Thésée. C’est dans sa maison située dans le fauxbourg d’Athènes, que Platon enseigna la Philosophie. Cimon l’orna, & l’embellit de fontaines & d’allées d’arbres, pour la commodité des Philosophes qui s’y assembloient. On y enterroit les grands hommes qui avoient rendu de signalés services à la patrie. Depuis Platon tous les lieux où se sont assemblés les gens de Lettres, ont été nommés Académie. Sylla sacrifia aux loix de la Guerre les délicieux bocages, & les belles allées que Cimon avoit fait dresser dans l’Académie d’Athènes, & employa ces arbres à faire des machines pour battre la Ville. Cicéron avoit une maison près de Pouzzol, à qui il donna le même nom : c’est là qu’il écrivit ses Questions Académiques.

Académie se prend aussi pour la Secte des Philosophes. On compte trois Académies, ou trois Sectes académiciennes. Platon fut le Chef de l’ancienne. Arcésilas l’un de ses successeurs, apporta quelques changemens dans sa Philosophie, & fonda par cette réforme ce qu’on appelle la seconde Académie. On attribue à Lacydes, ou à Carneades, l’établissement de la troisième ou nouvelle Académie.

Académie, se dit aussi des maisons, logemens & manèges des Ecuyers, où la noblesse apprend à monter à cheval, & les autres exercices qui lui conviennent. Epheborum Gymnasium. Au sortir du collège on a mis ce gentilhomme à l’Académie. Guy Allard dit que Pluvinel est le premier qui a établi en France des Académies pour apprendre à monter à cheval. Il étoit du Dauphiné. C’est ce que Vitruve appelle Ephebeum.

Académie. Terme de Peinture. C’est une figure entière, dessinée d’après le modèle, qui est un homme nu, ou la copie d’un pareil dessein. Cette Académie ne m’a coûté qu’une heure de travail.

Académie, se dit abusivement du berlan, ou des lieux publics où l’on reçoit toutes sortes de personnes à joüer aux dez & aux cartes, ou à d’autres jeux défendus. Les Juges de Police sont obligés de veiller à ce qu’on ne tienne point des Académies de jeu.

ACADEMIQUE, adj. m. & f. Qui appartient à l’Académie des Arts & des Sciences. Academicus. Les Questions Académiques de Cicéron. Les exercices Académiques continuent en une telle ville.

ACADEMIQUEMENT, adv. D’une maniére Académique. Academicè. Cette question a été traitée académiquement, pour dire, suivant la méthode des Académiciens.

ACADEMISTE, s. m. Ecolier qui fait ses exercices chez un Ecuyer, qui apprend à monter à cheval, à faire des armes, à danser, &c. Equestris disciplinae tyro.

ACAJOU, s. m. Arbre de l’Amérique. Son bois est rouge, leger, il dure long temps : le ver ne s’y attache jamais. Son ecorce ressemble à celle du chêne ; & quand on l’incise en temps sec, il en sort une gomme semblable à la gomme Arabique. Il porte de grands bouquets de fleurs ligneuses, au milieu desquelles est une esméce de gland canellé, dont les perroquets font leur nourriture. Ses feuilles sont faites comme celles du frêne : cet arbre s’appelle acajou rouge. Il y en a un autre qu’on appelle acajou blanc, à cause de la blancheur de son bois. Il vaut moins que l’acajou rouge. Ces arbres ne portent point de


B jugal