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donnoient une couronne d'ache au vainqueur.

ACHEMENT. s. m. Terme de Blason, se dit des lambrequins découpés ou chaperons, qui enveloppent le casque & l’écu. Fluentes circa scutum & galeam laciniæ. Ils font découpés d’étoffe & ornés de perles, & de broderie ; parce qu’en vieux François on appeloit achêmes toutes sortes d’ornemens, & particulièrement ceux des femmes ; comme coiffes, guimpes, atours, chaînes, anneaux, &c.

ACHEMINEMENT. s. m. Il ne se dit point dans le propre. Disposition à une chose, préparation qui en fait espérer le succès. Gradus, via. Le mépris des grandeurs de ce monde est un acheminement à la perfection. Le gain de la bataille fait un acheminement à la paix. Sar. Un premier pas si heureux fut un acheminement à une plus grande fortune. M. Scud.

ACHEMINER, v. act. Qui ne se dit au propre qu’avec le pronom personnel, Se mettre en chemin. In viam se dare, contendere, tendere, pergere. Iter instituere, intendere. Ces Voyageurs se sont enfin acheminés. Il s’achemina vers la Cappadoce. Vaug. Il s’achemina par les déserts, pour surprendre l’ennemi à l’improviste. Ablanc. Les Croisés s’acheminoient gais & gaillards à l’entreprise de la guerre sainte, comme assurés d’acquerir le Paradis. Pasq.

Acheminer, se dit figurément en Morale, des desseins, des affaires, des entreprises, pour dire, les avancer, les mettre en bon train pour l’exécution. Perducere, administrare, gerere, procurare. Une vive foi achemine les Chrétiens à la gloire éternelle. Cet Avocat a fort bien acheminé cet affaire, il l’a mise en train de réussir. Le Roi n’a point fait de conquête qu’il n’ait méditée auparavant, & où il ne se soit acheminé comme par degrés.

Acheminé, ée. part. pass. & adj. Viam, ingressusus.

On appelle en termes de Manège, un cheval acheminé, celui qui est accoutumé à aller droit devant lui, qui connoit la bride, & répond aux éperons ; qui est dégourdi, & rompu. Aptus, idoneus.

Ces mots se tirent du primitif chemin.

ACHETER. v. act. Acquérir quelque chose à prix d’argent dont on convient. Emere. Il a acheté une terre, & l’a bien payée : il l’a achetée à beaux deniers comptans. Il a acheté les droits de cette succession. Il a acheté beaucoup d’étoffes à crédit. J’achèterois cela au poids de l’or, pour dire, chèrement.

Dès que l’impression fait éclore un Poëte,
Il est esclave-né de quiconque l’achete. Boil.

On dit aussi, acheter des bans ; pour dire, obtenir la dispense de les publier. Quelques-uns dérivent ce mot de acceptare, parce que le consentement de l’acheteur est ce qui rend parfait le contrat de vente. Ménage & du Cange veulent qu’il vienne de accaptare, qui se trouve dans les Capitulaires, & signifie petere & acquirere. D’autres le dérivent de l’Italien cattare & accattare. Les Picards disent encore acater.

Acheter, se dit figurément en Morale, pour marquer les difficultés qu’il a fallu lever, les obstacles qu’il a fallu surmonter, les peines qu’il a fallu essuyer pour obtenir une chose. Redimere carè. Il m’a fait acheter bien cher la grâce que je demandois. Carè vendidit. Prenez garde d’acheter un bien imaginaire, aux dépens d’un vrai bien. Je n’achete point si cher des espérances. Dac. Les hommes sont tellement amoureux de la liberté, qu’ils l’achètent au prix de la vie. Dur. Ce partisan enrichi par les concussions, a acheté de la naissance, & un nom. La Bruy.

On le dit proverbialement en parlant du vin. Qui bon l’achète, bon le boit.

Acheté, ée. part. Emptus, a.

ACHETEUR. s. m. Celui qui acheté. Emptor. C’est l’acheteur d’une maison qui paye les droits seigneuriaux dans la Coutume de Paris. C’est une espèce de revenu, que de n’être pas grand acheteur. Dur. Cette femme est une grande acheteuse ; c’est-à-dire, qu’elle a la passion d’acheter tout ce qu’elle voit. On appelle aussi un acheteur de droits litigieux, celui qui achète des procès, des prétentions. On dit en proverbe, qu’il y a plus de fous acheteurs que de fous vendeurs.

ACHÉVEMENT. s. m. Fin d’un ouvrage ; la perfection qu’on donne à une chose. Perfectio, consummatio. Nous ne verrons


pas l’achévement du Louvre. On ne peut contraindre à, payer avant l’achévement du terme, avant qu’il soit échu. Dans les ouvrages de l’Art, c’est le travail, & l’achévement que l’on considère. Boil.

Achévement. Terme de Poëtique. C’est dans le poëme épique le dernier passage de l’agitation & du trouble, au repos & à la tranquillité ; le point qui termine le dénouement. Il y a de la différence entre le dénouement & l’achévement. L’achévement est un point & un instant sans étendue & sans durée, au lieu que le dénouement n’est pas sans longueur. L’achévement est donc la fin du dernier dénouement. Dans l’Eneïde, la mort de Turnus fait l’achévement, parce qu’elle fait cesser l’action d’Enée. Le Bossu. On dispute si l’achévement doit laisser le héros dans une tranquillité heureuse, ou s’il est libre de le laisser Malheureux. A peine voit-on de poësie qui finisse par le malheur de son héros. Id.

ACHEVER, v. act. Finir, terminer, perfectionner quelques ouvrages. {lang|la|Perficere, absolvere, consummare}}. Dieu acheva l’ouvrage de la création en six jours, & consacra le septième au repos. Achever comme on a commencé. Rarement on achève bien ce que l’on a mal commencé. C’est la Loi Universis Cod. Qui dare Tut. vel Cur. Principio quae sunt inchoata malo, vix bono peraguntur exitu. Permettez que j’achève mon discours. Achevez vîte, finissez. Attalus, chez Martial ; le Thrason, chez Térence ; le Suffenus, chez Catulle, étoient des hommes à tout entreprendre, & à ne jamais rien achever. De Roch. Il se met aussi avec le pronom possessif. Il s’est achevé de perdre par son imprudence.

On le dit aussi avec le pronom personnel. Ce livre s’acheve ; il est tantôt fait.

Achever se dit aussi en Morale, pour dire, Mettre une chose à sa derniére perfection. L’étude commence un honnête homme, & le commerce du monde l’achéve. S. Evr. Voilà un ouvrage acheve, on n’y peut rien ajouter. C’est un homme achevé, qui a toutes sortes de vertus & de perfections. Il jouit d’un bonheur, d’une fortune achevée, à qui il ne manque rien. Souvent les Auteurs ne se donnent pas la peine d’achever leurs ouvrages ; c’est-à-dire, de les polir, & de les revoir.

On dit aussi, Achever ses jours, achever de vivre, achever sa carrière ; pour dire, Mourir. Vitam finire, supremum diem obire. Les mourans laissés sur le Champ de bataille prient qu’on les achève par pitié.

On dit proverbialement, Voilà pour l’achever de peindre ; pour dire, Achever de le ruiner, quand il vient un nouveau malheur à quelqu’un qui l’accable. On l’employe aussi, pour dire, Enyvrer entierement. Il ne falloit plus, dit-on, que cette santé pour l’achever.

Achevé, ée, part. pass. & adj. Fini, terminé. Finitus.

Achevé, Parfait, accompli. Perfectus, Absolutus. Quand il se dit des choses, il se prend plus ordinairement en bonne part:C’est une piéce achevée. Il arrive souvent que les choses se présentent plus achevées à notre esprit, qu’il ne les pourroit faire avec beaucoup d’art. La Rochef. L’on ne pouvoit rien voir de plus achevé que sa taille. Quand il se dit des personnes, il se prend en bonne & en mauvaise part. C’est un Prince achevé. C’est un fou achevé ; pour dire, Entiéremenc fou.

En termes de Manège, on appelle un cheval achevé, celui qui est bien dressé, & qui ne manque point à faire un certain manège. On dit, un cheval commencé, acheminé, & achevé; pour exprimer les diverses dispositions & états d’un cheval qui a de l’école.

Ces mots viennent de chef, comme qui diroit, mettre à chef, mettre à perfection.


ACHIER. s. m. Vieux mot. C’étoit le lieu où l’on mettoit les ruches des abeilles. Alvearium On trouve dans une ancienne Coutume : l’essain d’Aviettes est mien, & le vy partir de mon achier.

ACHILLE. s. m. Terme d’Anatomie. C'eszt le nom qu'on donne à un grozs tendon qui se rend à la plante du pié ; parce que selon la Fable, Achille mourut du coup dont il fut frappé en cet endroit.

Achille. Nom qu’on donnoit dans les écoles à l’argument principal de chaque Secte. Achilles. Voila son Achille ; c’est-à-dire, une raison invincible, un argument auquel on ne peut rien opposer. En particulier on appelait Achille, le fameux argument de Zenon d’Élée contre le mouvement. Ce Philosophe mettoit en comparaison la lenteur d’une tortue avec la vitesse d’Achille, pour montrer qu’un mobile lent, qui précède tant soit peu un mobile vite, n’en peut jamais être devancé.

ACHILLÆA. s. f. Plante ainsi appelée, à ce


que dit Pline, d'Achille disciple du Centaure Chiroçn, qui le premier s'en servit à guérir les ploayes. C'est une espèce de mille-feuille, qui pousse des verges canelées, de la hauteur d'une palme, & quelquefois de trois coudées. Ces feuilles sont semblables à celles de la mille-feuille terrestre ; mais plus larges & plus courtes, fort découpées, d'un goût amer, & d'une odeur forte & aromatique. Ses fleurs sont des bouquets composez de plusieurs feuilles ; celles qui occupent le centre sont jaunes, & celles de la circonference, blanches. En Latin, millefolium nobile ou Achillea Dioscoridis. Cette plante est très-bonne contre les pertes de sang, & pour prévenir les avortemens.

ACHIOTTE. s. f. Fruit fort estimé par les Indiens, qui vient de la nouvelle Espagne, qui croît à un arbre nommé Achiote, ou Pamaqua, qui est assez semblable à l’oranger. Le tronc est roux & les branches aussi. Ses feuilles sont comme celles de l’orme pour la couleur & l’âpreté, ses fleurs blanches & purpurines distinguées en cinq feuilles, taillées en étoile. Son fruit est gros comme une petite amande verte, quadrangulaire, avec une écorce semblable à la première écorce de la châtaigne, contenant plusieurs grains rouges, comme des raisins, mais plus ronds. Il est vert toute l’année, & porte son fruit au printemps, & alors on le taille. On tire du feu de son bois comme d’un caillou. De son écorce on fait des cordes plus fortes que celles de chanvre. De sa semence on fait de la teinture pour colorer en rouge cramoisi, & on la mêle avec succès dans toutes les potions réfrigérantes. On en fait une pâte à mesure qu’elle sèche. On en fait des boules, des tourteaux, & on les vend en forme de brique. Ceci est tiré de François de Ximénez, de Laed, & d’Eusébe de Nuremberg, qui en ont fait la description.

ACHIT. s. m. Espèce de vigne qui croît à Madagascar, & dont le raisin est de la grosseur de notre verjus. Cette vigne donne beaucoup de grappes vers les mois de Décembre, Janvier & Février. Ses sarmens sont toujours verts ; ses feuilles sont arrondies, entières & semblables à celles du lierre. Les Sauvages appellent son fruit Voachis. Flacourt, Hist. Madag. 138.

ACHOISON. s. f. Vieux mot François, qui veut dire occasion : il vient d’Occasio. Huet. On disoit aussi, achaison, acoison, aquoison.

ACHOPPEMENT. Occasion de faute ; sujet de scandale. Offensa, offendiculum. Il ne se dit qu’au figuré, & presque toujours dans cette phrase : Pierre d’achoppement. Cet Auteur raisonne sur un faux principe ; c’est une pierre d’achoppement qui le fait broncher par-tout. Quelques-uns emploient ce mot seul. C’est l’achoppement de l’antiquité ; pour dire, l’écueil. On dit encore, être en achoppement à quelqu’un ; pour dire, le traverser dans ses entreprises, & chercher à le chagriner par-tout.

ACHRONIQUE. adj. Terme d’Astronomie, qui se dit d’un astre ou d’un point du ciel qui est opposé au soleil dans son lever, ou dans son coucher ; c’est-à-dire, que l’un se leve, quand l’autre se couche, & que l’étoile étant en opposition au soleil, se fait voir toute la nuit. Achronicus. Le lever achronique de Mars, lequel se trouve alors plus près de la terre que le soleil, a fait abandonner l’ancien système de Ptolomée, qui place la terre dans le centre du monde, & Mars au-delà du soleil. Ce mot vient de l’α privatif & de ϰρόνος, tempus, temps.

ACI.

ACIDE. adj. m. & f. Aigre, piquant ; tels que sont les citrons, les grenades, & les fruits qui ne sont pas mûrs. Acidus. Les liqueurs acides sont rafraîchissantes. Toutes les choses aigres font maigrir, parce que leurs parties acides sont comme autant de petits couteaux tranchans, qui brisent subtilement les parties du chyle propres à la nourriture, & les entraînent dehors avec elles. Par la même raison les liqueurs mêlées d'esprits acides tempèrent l'ardeur de la fièvre, parce que ces particules acides rompent & atténuent les parties du sang qui fermentent avec trop de violence.

Acide, s. m. Terme de Chymie. Acidum. Sel piquant, & dissolvant. Il est en ce sens opposé à l'alkali : & sur ces deux principes quelques Chymistes, & quelques Médecins modernes ont fondé une nouvelle explication de toutes les causes physiques. L'eau prise immodérément émousse les acides de l'estomac, & lui ôte la force de cuire les alimens. On le fait venir du Grec ἀϰίς, pointe, parce que les acides piquent la langue.


Le