Page:Tristan - L’émancipation de la femme, 1846.pdf/22

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tage dans ses richesses ? Les riches nous ont deshérités de la terre ; les prêtres nous deshéritent du ciel !

Dites-moi, Monseigneur l’évêque, et ne détournez pas la tête, je ne vous demande pas l’aumône ; mais vous êtes payé pour instruire le peuple et je vous interroge.

Jésus, votre maître, a dit : Heureux les pauvres ; pourquoi donc les avez-vous excommuniés ?

Vous vous irritez de cette parole : écoutez encore et répondez-moi. Est-ce qu’il y a dans vos temples élégants une place honnête où puisse se reposer un pauvre ?

On ne peut aller à Dieu, dites-vous, que par les sacrements de son Église, et telles sont les seules voies qu’il a établies pour se communiquer aux hommes ; mais est-ce qu’il y a des sacrements pour le pauvre ? Lui donnerez-vous les sacrements des vivants à lui qui ne peut pas vivre, ou ceux des morts à lui qui ne compte pas même parmi les morts ?

Quel sera le parrain de l’enfant du paria et qui répondra de lui au baptême ? À quelle paroisse le présenterez-vous ? Est-ce qu’il a un domicile ?

Il restera donc coupable du péché originel parce qu’il est né sans argent et sans ressource,