Page:Tristan - L’émancipation de la femme, 1846.pdf/28

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et c’est pourquoi il se dispense ordinairement d’être humain.

Un homme, c’est une force productrice qui coûte tant à exploiter et qui rapporte tant.

C’est précisément ce que c’était au temps des esclaves, avec cette différence que l’esclave avait du travail et du pain assurés.

Un homme, c’est une bête de somme qu’on est dispensé de nourrir lorsqu’elle ne travaille pas ou lorsqu’elle ne peut plus travailler.

Et si l’on a peur de ses mains oisives, on les garrotte, sous prétexte qu’il ne veut pas payer le tribut à César, et s’il veut être libre, on lui dit qu’il est roi, et on lui donne pour sceptre dérisoire le bâton qui sert à le frapper, et pour couronne les ronces de la misère et des embarras de tous genres qui ne laissent aucun repos à sa pauvre tête, et, pour déguiser ses haillons, on les trempe dans son sang qui coule, et l’on en fait une pourpre douloureuse.

Voilà l’homme ! et il n’y a d’homme que celui-là ; car ceux qui le traitent ainsi ne sont pas des hommes ; ce sont des grands, des prêtres, des esclaves et des bourreaux.

Voilà la société tout entière !

Ecce homo !

Or, tandis que Pilate montrait ainsi le Christ à