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Maître, tu devais ressusciter le troisième jour : les journées de ta sépulture, sont bien longues ! Faudra t-il donc que nos ossements et ceux de nos enfants blanchissent dans la campagne comme ceux de la vision d’Ezéchiel, avant l’aurore du troisième jour ?

Quand tu ressusciteras glorieux, ô mon maître, et quand tu monteras sur le trône des intelligences avec ton cortége de pauvres et de maudits rachetés par ton sang alors seulement la création sera achevée car Dieu aura donné l’homme pour maître aux instincts brutaux qui dévorent la terre.

Alors, ô Christ, tu prendras par la main celle qui a dit : Je suis la servante du Seigneur, et tu lui diras : Vous êtes ma mère ; asseyez-vous près de moi sur mon trône et régnez avec moi sur le monde.

L’image glorieuse de Marie complétera alors le mythe douloureux d’Héva : la mère de Dieu réhabilitera la mère du premier homme ; le mariage, devenu libre sera pur et le péché de la naissance sera par là même effacé.

Tu pourras te reposer alors, créateur du monde moral, dont le monde physique où nous souffrons n’a été que la première ébauche et que l’essai inachevé.