Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/100

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À mes ennuis il ſe rendra ſenſible,
Et mon amour à qui tout est poßible
Fera des vœux pour l’en ſolliciter
Qu’en ſa cholere il ne peut rebuter.

Ô Grands Eſprits qui de toutes les choſes
Sçauez ſi bien les effects & les cauſes,
Qui diſcernez les diuers mouuemens,
Par qui les Cieux meslent les Elemens,
Et connoiſſant la ſecrette enchaiſneure
De tous les corps qui ſont en la Nature,
Quand il vous plaist, pouuez à voſtre gré
Choiſir vn Aſtre en vn certain degré
Dont la figure emprainte en vne pierre,
Peut dißiper ou la peſte, ou la guerre :
Soyez un peu touchez de ma douleur,
Et par pitié dißipez mon mal-heur :
Veillez, de grace, apprendre à mon amour
Quelque ſecret pour haſter vn retour :
Et l’aßistez d’vn ſi fort caractere
Qu’en fin ce cœur ſauuage & ſolitaire,
Ce cœur de fer qui s’éloigne de moy,
Soit attiré par l’aimant de ma foy.
Mais quel espoir vient flatter ma pensée ?
Foible appareil d’vne Ame ſi bleſsée,