Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/118

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Ô mon Astre, ô ma belle Reine
Daignez-vous conuertir ma peine
En vn contantement ſi doux ?
Vous m’honorez aſſez de croire
Que i’aime à ſoupirer pour vous,
Et que ie tiens à plus de gloire
De mourir deuant vos beaux yeux,
Que de viure auecque les Dieux.

Mes deuoirs ne vous touchoient guere
Quand vous craignez que le vulguaire
Parlast contre vostre beauté :
Alors moins ſage que vous n’este
Auiez vous bien la laſcheté
De craindre ce Monſtre à cent teſtes,
Qu’vn de vos regards ſeulement
Pourroit charmer en vn moment ?

Ie conſidere à ces paroles,
Ses yeux, mes deux cheres idoles
Qui s’abbaiſſent honteuſement :
Clymene me fait mille plaintes,
Et m’enſeigne inſenſiblement
Qu’il eſt temps de bannir nos craintes
Et de rappeller nos deſirs,
À la recolte des plaiſirs.