Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/124

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        Auec trop peu d’apas :
Et i’euſſe bien iuré, la treuuant ſi peu belle,
        Que ce n’eſtoit pas elle
Que i’admirois ſi fort en ne la voyant pas.

D’vne paſle couleur ſa iouë eſt toute peine ;
Les Graces n’y font plus, ou c’est auec crainte
        D’vn coulpable accusé :
Et s’il aduient par fois que la couleur y monte,
        Ce n’eſt que de la honte
De voir que mon esprit ſe ſoit deſabusé.

Ce qui luy reſte encore eſt vn peu de ieuneſſe,
Qui paroiſt ſeulement par le peu de fineſſe
        Qu’elle teſmoigne à tous.
Et bref de cét obiect que ie creus adorable
        Le trait le plus aimable
Feroit vn mal-heureux ſans le rendre ialoux,

Certes i’auois dans l’ame vne erreur nonpareille
Lors que ie me faiſois vne rare merueille
        D’vn ſujet ſi commun :
I’y voyois mille attraits, mille aimables licences,
        Mille douces puiſſances.
Ie voyois mille apas où ie n’en voy pas vn.