Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/184

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Cependant qu’il luy tient vn ſi charmant diſcours,
Les arbres les plus droicts ſe courbent pour l’entendre ;
Vn Ruiſſeau qui l’eſcoute en areſte ſon cours
      Et prés de lui ſe va répandre :
Bref vn pinceau ſçauant, à peine euſt pû pretendre
      Dans le tableau le plus exquis
L’honneur que ſur ce bois le couteau s’eſt aquis.

Ie vous le donnerois dans l’accompagnement
D’vne corbeille vnique en ſa rare maniere ;
On ne la compoſa que d’oſier ſeulement,
      Mais fuſt-elle d’or toute entiere,
L’art en ſeroit d’vn prix plus cher que la matiere,
      Tant vn Ouurier industrieux
La voulut releuer d’entre les curieux.

Obſeruant les treſors que le Verger produit
Qui peuuent ſatisfaire au beſoin de la vie :
Vous iriez les remplir, & des fleurs, & du fruit
      Dont alors vous auriez enuie ;
Et lors, auec l’Amour dont vous ſeriez ſuiuie,
      Mes penſers au moins, baiſeroient
Le ſable & le gazon que vos pieds fouleroient.