Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/211

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Mais beaux yeux, c’eſt touſiours en crainte,
Car dans cette estroite contrainte
Où tant de reſpects m’ont ſoubmis,
La pitié de voir mes alarmes
Pouroit meſme obtenir des larmes
De mes plus mortels ennemis.

Si par fois rompant le ſilence
Ie donne air à la violence
Du beau feu qui me fait mourir,
Ne m’en faites point de reproches,
Beaux yeux, ce n’eſt rien qu’à des roches
À qui i’en oze diſcourir.

Quelques dezerts inhabitables
Doux promenoirs des miſerables
Que l’horreur eſloigne de tous :
Quelque bois, ou quelque riuage
Peuuent ſeuls rendre teſmoignage
Des plaintes que ie fais de vous.