Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LES SONGES FVNESTES.

SONNET.



CETTE nuict en dormant d’vn ſomme inquieté,
I’ay touſiours combattu de tristes réfveries,
La clarté d’vn tiſon dans vne obſcurité
M’a fait à l’impourueu paroistre des Furies.

Prés de moy la Diſcorde, & l’Infidelité
Monſtroient leur violence en mille barbaries,
Et de ſang eſpandu, par tout leur cruauté
Soüilloit l’argent de l’onde, & l’eſmail des prairies.

Troublé de ces horreurs ie ne ſçay que penſer
Si ce n’eſt que le Ciel me veuille menacer
De quelque changement en l’ame de Siluie.

Songe, Phantoſme affreux, noir ennemy du iour,
Parle moy ſi tu veux de la fin de ma vie :
Mais ne m’anonce point la fin de ſon amour.