Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/93

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Et quand i’auray fait quelque traict
De cét adorable portraict,
Qui fait deſia que ie ſouſpire ;
Les Nymphes ſans m’incommoder
Prés de moy viendront s’accouder,
Et la Nayade & le Zephire
Perdans le ſoin de leur Empire,
Se tairont pour vous regarder.

Vous pouuez par vostre Beauté
Paſſer pour la Diuinité
Qui fut les delices d’Anchiſe :
Mais ſi ie vous peins vne fois
Auec la Trompe & le Carquois,
D’vne ardeur innocente épriſe,
À meſme temps vous ſerez priſe
Pour la chaſte Reine des Bois.

Amour rauy de mon deſſein
Sentira dés lors en ſon ſein
Les pointes d’vne ardeur nouuelle ;
Et iugeant vos diuins appas
Francs des atteintes du treſpas,
Il dira vous voyant ſi belle,
Que ſi vous n’eſtiez immortelle
Sa mere ne le ſeroit pas.