Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/98

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Il fait ſon cours par vn meilleur destin ;
S’il meurt le ſoir, il renaist le matin,
Et restituë en leur beauté premiere
Mille couleurs qu’anime ſa lumiere.
Et cependant ce ſoleil des Beautez,
Cét Aſtre vnique en rares qualitez
Dont le merite eſt la ſource des flames
Qu’Amour choiſiſt pour les plus belles Ames ;
Touſiours Phillis eſt loing de ces beaux lieux ;
Elle est touſiours eclypsée à nos yeux :
Cette Beauté, mes plus cheres Delices,
Malgré l’effort de tant de ſacrifices,
De tant de vœux & de pleurs ſuperflus,
Eſt disparuë & ne retourne plus.

Iours ennuyeux, d’eſpais broüillards humides,
Qui ne ſemblez marcher qu’à pas timides ;
Vous deuriez bien couler plus promptement
Durant le cours de ſon eſloignement.
Et vous, ô Nuict, d’Eſtoilles couronnée,
Reine des Feux qui font la Destinée :
Nuict qui placez vne paſle blancheur
Dans le ſilence & parmy la fraiſcheur,
En vous monſtrant ſi ſeraine & ſi claire,
Semblez pretendre à l’honneur de me plaire.
Pour m’obliger, eſteignez ces flambeaux
De qui l’image errante dans ces Eaux,