Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/163

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— Il y a bien longtemps de cela, M. Pritchett.

— Oui, il y a quelques années de ça ; certainement, mademoiselle. Je ne suis plus si jeune qu’autrefois, je le sais. Ici la voix de Pritchett aurait attendri un cœur de roche. Et voilà, mademoiselle, que vous allez vivre avec monsieur maintenant ?

— Oui, je le crois.

— Eh bien ! Et M. George, mademoiselle ?

— M. George ?

— Oui, M. George, mademoiselle. Il va sans dire que ce n’est pas à moi de parler de ce qui se passe entre les jeunes messieurs et les jeunes demoiselles ; ça ne me regarde pas. Je n’y connais rien, et je n’y ai jamais rien connu, et je pense maintenant que je n’y connaîtrai jamais rien. Pourtant, ces deux-là, qui ne devaient faire qu’un, les voilà deux maintenant. Et M. Pritchett se vit forcé de s’arrêter pour reprendre haleine.

— Le mariage a été rompu, vous savez.

— Oui, le mariage a été rompu. Je ne dis rien de la chose ni de ceux qui l’ont faite. Je ne sais rien, donc je n’en dis rien. Mais voici ce que je dis : c’est que ce serait bien dur, bien injuste et bien cruel, si l’on indisposait monsieur contre M. George en faveur de sir Henry Harcourt, et cela parce que celui-ci a trouvé moyen de se faire donner un méchant bout de titre.

L’entrevue se termina par la promesse que fit mademoiselle Baker de ne rien dire qui pût nuire aux intérêts de George, mais elle ajouta qu’il lui serait tout à fait impossible de rien dire en sa faveur à M. Bertram.