Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/298

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Biffin et au capitaine Mac Gramm. Mais aussi, pourquoi le major et le capitaine s’étaient-ils vantés de la bienveillance de ces dames à leur égard auprès de leurs compagnons de voyage, et, entre autres, au vieux juge en retraite, et au médecin hypocondriaque, le docteur O’Shaughnessy ? Il s’était trouvé tout naturellement que le juge et le médecin avaient, eux aussi, quelques amitiés féminines, et qu’ils avaient redit en confidence à leurs amies les vanteries de l’heureux major et de l’heureux capitaine. Quoi de plus naturel, en ce cas, que de les voir répéter à madame Cox et à madame Price ? Car j’ai omis de dire que la dame à la beauté divine et parfaite se nommait madame Cox, et la belle aux yeux doux et brillants, madame Price. Ceux qui s’étonneraient de ces façons d’agir prouveraient qu’ils ne savent rien de la manière dont se passent les choses à bord pendant un voyage de Calcutta à Southampton.

Le major, qui était l’admirateur spécial de madame Cox, avait fait pis encore. Le monde, — le monde, veux-je dire, contenu à bord du navire le Lahore où ces dames étaient passagères, — avait décidé depuis le moment où l’on avait quitté Point-de-Galle, que le major Biffin et madame Cox devaient s’épouser. Or, si le major, en se vantant des bontés de la veuve, avait parlé aussi de cet engagement matrimonial, il n’y aurait eu que demi-mal, et la charmante femme lui aurait peut-être pardonné ; mais il s’était vanté de ses succès, et il avait écarté avec dédain l’idée du mariage. Hinc illæ lacrymæ. Et qui donc oserait blâmer