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LE CONTEUR BRETON

ce que c’est que de ne pas obéir ; si tu n’avais pas pris cette méchante perruque-là, tu ne serais pas en danger d’être brûlé maintenant. Cependant tu ne seras peut-être pas brûlé encore ; écoute-moi : N’as-tu pas quelque ami dans l’écurie du roi ? Si fait, dit Jean ; j’en ai un qui m’obligerait au besoin. — Bien, dit le cheval ; va le trouver et dis-lui de te chercher une bouteille, un bouchon pour la boucher, une étrille et une brosse. Il n’y a besoin de rien de plus. Quand il t’aura donné ces objets, viens vite ici me trouver, et je te dirai ce que tu auras à faire.

Jean revient de là aussitôt pour trouver son ami dans l’écurie, et il eut de lui ce qu’il avait demandé : il se mit à courir, en retournant sur ses pas, pour aller trouver son cheval à la forêt. Celui-ci dit à Jean : — Etrille-moi bien, et ramasse dans la bouteille, avec la brosse, la poussière et tout ce qui tombera de ma peau. Quand Jean eut fait ce que lui disait le cheval, la bouteille n’était pas à moitié pleine à beaucoup près. — N’importe, dit le cheval ; verses-y de l’eau pour achever de la remplir et prends garde de la perdre. Maintenant tu n’auras autre chose à faire que d’aller trouver le roi et lui dire que tu voudrais faire ta niche dans le bûcher dressé pour te brûler ; tu lui demanderas aussi le temps de faire tes prières, avant d’aller chercher le royaume du paradis. Apporte avec toi un escabeau pour t’asseoir, quand tu seras entré dans le bûcher ; alors tu tireras ta chemise de dessus ton corps, tu laveras tes membres avec ce qui est renfermé dans la bouteille et