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LE CONTEUR BRETON

tu les frotteras tant que tu pourras. Quand tu te seras ainsi mouillé de la tête aux pieds, tu laveras aussi ta chemise avec ce qui reste dans la bouteille, et quand tu auras remis ta chemise sur ton corps, tu diras au roi d’allumer le feu sur toi, quand il voudra.

Jean exécuta de point en point tout ce que lui avait dit son cheval ; et quand il eut dit au roi d’allumer le feu, la flamme se précipita si vite sur le bois que le bûcher fut consumé plus promptement que je ne mets de temps à l’écrire ici.

Lorsque tout le monde s’attristait sur (le sort) de Jean et que tous disaient que c’était péché de brûler un aussi beau garçon, un garçon qui avait si bon cœur, voilà alors Jean qui fait un saut du milieu du brasier, en tremblant de froid de tous ses membres : il ne pouvait s’en empêcher, disait-il. — Miracle ! miracle ! crièrent tous (les assistants), c’est un saint ou un diable. — Ce n’est pas un diable, disait-on, en se rassemblant autour de lui, regardez-le ; qu’il est beau ! la moitié plus beau qu’il n’était auparavant. C’était vrai, aussi tous les assistants étaient stupéfaits et saisis, comme vous pouvez le penser.

La princesse, venue pour voir, fut aussi étonnée que les autres, et son cœur s’étant tout-à-coup épris d’amour pour petit Jean, en voyant combien il était devenu beau, elle dit au roi : — Voilà un gaillard ! Si vous aviez été aussi beau garçon que Jean, vous seriez devenu le miroir de mes yeux, et j’aurais été heureuse sur la terre. — Et si je faisais comme lui, dit le roi à la princesse, peut--