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LE CONTEUR BRETON

qui était venu chercher de l’eau avec un tonneau. — Bonjour, mes braves garçons, dit-il, d’où venez-vous et où allez-vous ? — Vous êtes, à ce que je vois, un homme de notre trempe, dit Jean à la barre de fer ; nous courons le pays, et, si cela vous convient, vous nous accompagnerez ? — Volontiers, dit le garçon au tonneau, car jamais je n’ai entendu parler de gens pareils à vous ou même approchant. — Et eux de se mettre en route tous les trois, comme trois camarades, en jasant et en se contant des histoires ; c’était plaisir de les entendre et de les voir.

Ils arrivèrent à une fontaine où ils burent chacun à leur tour. Jean était en arrière, et au moment où il se levait pour rejoindre les autres, il aperçut une petite bonne femme, vieille comme la terre, qui sortit d’une touffe de cresson d’eau, arriva sur lui en un bond et lui dit à l’oreille : — Prends garde, mon cher enfant, car là, au milieu du bois, il y a trois grands géants, plus forts que n’était Samson autrefois ; Ils sont au service d’un vieil ogre dont la demeure est dans un château-fort, à cent brasses sous la terre. Celui-ci, à trois lieues à la ronde de son manoir, sent l’odeur de chrétien ; et quand il a faim, il envoye ses géants pour lui attraper des hommes pour son repas. Trois énormes chiens gardent aussi le château, nuit et jour. Tu seras pris le premier, si tu ne fais attention, car tes deux camarades ne sont pas baptisés, et l’ogre ne sentira pas de sitôt leur odeur.

Voici, mon enfant, l’herbe d’or, cueillie au

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