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LA MAISON HANTÉE.

voulue, ils marquèrent avec soin la ligne que l’ombre de la branche traçait sur le sol et commencèrent à creuser. Cette fois la réussite leur paraissait certaine. Plus ils travaillaient, plus l’intérêt qu’ils prenaient à leur tâche augmentait. Le trou avait déjà atteint une assez grande profondeur. Chaque fois qu’un obstacle faisait résonner la pioche, leur cœur battait plus fort ; mais chaque fois ils éprouvaient une nouvelle déception : l’obstacle n’était qu’une pierre. À la longue Tom se découragea.

— Ce n’est pas la peine de nous éreinter, Huck, dit-il ; nous nous sommes encore trompés d’endroit.

— Impossible, Tom ; nous avons marqué l’ombre avec une corde.

— Oui, je le sais bien ; mais il y a autre chose.

— Quoi donc ?

— Nous n’avons fait que deviner l’heure ; cinq minutes trop tôt, cinq minutes trop tard suffisent pour tout gâter.

Huck laissa tomber sa pelle.

— C’est clair, dit-il. Nous pouvons renoncer à ce trésor-là ; nous ne saurons jamais l’heure au juste. D’ailleurs je me méfie. Les fées et les fantômes se promènent la nuit. Je me figure toujours qu’il y en a une derrière mon dos et je n’ose pas me retourner, parce qu’il y en a peut-être d’autres devant moi qui guettent une occasion.

— Je suis à peu près dans le même cas, Huck. Mais nous n’avons essayé qu’un arbre, et il ne fallait pas s’attendre à trouver le trésor sous la première branche venue. Enfin, il nous reste la maison hantée qui est au bas de la colline.

— Je n’aime pas trop les maisons hantées, répliqua Huck, surtout celle-là, près de laquelle personne n’ose passer, même en plein jour. Pourquoi évite-t-on de flâner par là ?

— Tout bonnement parce que personne ne tient à s’approcher d’un endroit où quelqu’un a été assassiné. On n’a jamais vu un revenant