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TOM SAWYER ET LA TANTE POLLY.

un brillant bout de ruban qui lui entourait le cou. Bref, sa mise de citadin excita l’envie de Tom qui, pour la première fois de sa vie peut-être, rougit de sa tenue débraillée. Les deux promeneurs se rapprochèrent, s’arrêtèrent à quelques pas de distance sans échanger une parole, puis se mirent à tourner l’un autour de l’autre en se tenant toujours face à face. Enfin Tom dit :

— Tu es plus grand que moi, mais je te rosserais si je voulais.


Essaye un peu.


— Essaye un peu, répondit l’autre.

— Ça ne serait pas difficile.

— Seulement tu n’oses pas essayer.

— Tu crois ?

— J’en suis sûr.

Il y eut un moment de silence qui fut interrompu par Tom.

— On voit bien que tu ne connais pas Tom Sawyer. Comment t’appelles-tu, toi ?

— Ça ne te regarde pas.

— Si tu dis un mot, tu auras affaire à moi.

— Un mot, un mot, un mot !

— Tu te crois bien malin, n’est-ce pas ?… Capon !

— Capon toi-même.

— Je n’ai pas peur de toi.

— Si !

— Non !

L’entretien fut de nouveau interrompu. Les deux antagonistes continuèrent à se mesurer du regard et à se rapprocher obliquement ; bientôt leurs épaules se touchèrent.