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LE TRÉSOR CACHÉ.

Joe se remit à jurer, puis il convint qu’il fallait profiter de ce qui restait de jour pour s’apprêter à partir. Quelques minutes plus tard, son compagnon et lui se glissaient dehors avec leur précieux fardeau.

Tom et Huck se redressèrent, encore effrayés, mais fort soulagés. À travers une lucarne ils virent les deux bandits disparaître dans le crépuscule.

— La boîte est lourde, dit Huck, et nous courrons plus vite qu’eux. Allons-nous les suivre ?


L’escalier s’effondra…
— Pas si bêtes, comme dit Joe l’Indien, répliqua Tom. Tâchons seulement de sauter l’un après l’autre et de redescendre sans nous casser le cou.

Arrivés en bas sains et saufs, ils reprirent le sentier qui conduisait à la ville. Leur conversation au début ne fut guère animée ; ils étaient trop occupés à s’adresser intérieurement des reproches, à maugréer contre l’oubli qu’ils avaient commis en laissant leurs outils en vue. Sans cela, Joe l’Indien aurait enterré son or avec son argent jusqu’à ce qu’il eût accompli son œuvre de vengeance, et il se serait arraché les cheveux en retrouvant le nid vide.

Cependant tout espoir n’était pas perdu. Ils résolurent de surveiller le faux Espagnol lorsqu’il se montrerait dans la ville « pour tâter le terrain ». Si l’on parvenait seulement à découvrir « le numéro deux » ! Soudain une horrible pensée traversa l’esprit de Tom.

— C’est de nous qu’il veut se venger, Huck ! s’écria-t-il.