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LES RÉVÉLATIONS DE HUCK.

furent bientôt débarrassés de leurs ennemis. Tom découvrit à peu de distance du repaire des chauves-souris un autre lac, un vrai lac, cette fois, qui s’étendait si loin que ses bords se perdaient dans l’ombre, et il jugea qu’il valait mieux se reposer avant d’en faire le tour. Alors seulement le silence absolu qui régnait autour d’eux frappa Becky.

— Tom, dit-elle, il y a longtemps que nous n’avons entendu les autres.

— Songe donc, Becky ; nous sommes au-dessous d’eux à je ne sais combien de distance au nord, au sud ou à l’ouest, à moins que ce ne soit à l’est. Nous ne pouvons pas les entendre d’ici.

Becky commença à s’inquiéter.

— Il y a au moins une heure que nous avons passé sous le Niagara. Nous ferons mieux de nous en retourner.

— Oui, tu as raison.

— Sauras-tu retrouver le chemin, Tom ? Moi, je ne m’y reconnaîtrai pas.

— Il y a les chauves-souris qui m’embarrassent. Si elles éteignaient nos lumières, nous serions dans une jolie passe. Essayons un autre chemin afin de ne pas les réveiller.

— Oui, mais j’espère que nous ne nous perdrons pas, répliqua Becky que cette idée fit frissonner.

Ils s’engagèrent dans une galerie qu’ils traversèrent en silence, examinant chaque issue dans le vain espoir qu’elle leur fournirait un point de repère. Chaque fois que Tom se livrait à un examen de ce genre, Becky cherchait sur son visage quelque signe d’encouragement et Tom s’écriait avec un calme affecté :

— Nous n’y sommes pas encore ; mais sois tranquille, il n’y a pas de danger.

Cependant chaque mécompte le laissait de plus en plus découragé, et il se mit à suivre au hasard les galeries dans l’espoir qu’il finirait