Page:Twain - Les aventures de Tom Sawyer, trad Hughes, illust Sirouy, 1884.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
LES AVENTURES DE TOM SAWYER.

— Pleurer ! répéta Tom. Nous avons mieux à faire. Maintenant que tu t’es reposée, nous retrouverons notre chemin.

— Tom, j’ai vu un si beau pays dans mon rêve ! Je crois que c’est là que nous allons.

— Peut-être que non, Becky, peut-être que non. Essayons.

Ils se levèrent et se remirent en marche, sans grand espoir. Ils cherchèrent à calculer depuis combien de temps ils se trouvaient dans la grotte. Il leur sembla qu’il y erraient depuis plusieurs jours déjà ; mais ils reconnurent que leur impression les trompait, puisque leur provision de chandelles durait encore.

Deux ou trois heures plus tard — autant qu’ils purent en juger — Tom dit qu’il fallait prêter l’oreille afin de découvrir une source. Il finit par en trouver une et insista pour que l’on se reposât de nouveau. Tous deux étaient cruellement fatigués ; néanmoins Becky déclara qu’elle croyait pouvoir marcher encore un peu, et elle fut surprise d’entendre son compagnon refuser d’aller plus loin. Ce refus l’intrigua. Ils s’assirent en face de la chandelle que Tom avait fixée au mur. Plusieurs minutes s’écoulèrent sans que l’on échangeât une parole, puis Becky rompit le silence.

— Tom, j’ai si faim !

Tom tira quelque chose de sa poche.

— Tu te rappelles pourquoi tu m’as fait emporter ça ?

Becky eut presque un sourire.

— Le gâteau de noce ! dit-elle.

— Oui, et je voudrais en avoir une plus grosse tranche, car nous n’avons pas autre chose.

— Le grand plum-cake ressemblait à un gâteau de noce et j’avais gardé ce morceau pour le mettre sous notre oreiller afin de rêver dessus, comme on fait avec un morceau de vrai gâteau de noce ; mais ce sera notre…