VI
COMMENT ON SE DÉBARRASSE DES POIREAUX.
Le lendemain, Tom Sawyer avait perdu sa gaieté. Il se sentait toujours très malheureux le lundi matin, qui inaugurait une nouvelle semaine de servage à l’école. Ce jour-là, lorsqu’il se réveillait, il commençait en général par regretter qu’il y eût eu un congé intermédiaire. Vingt-quatre heures de liberté ne servaient qu’à rendre l’esclavage plus odieux.
Une fausse alerte. Tom s’abandonnait à de tristes réflexions. Bientôt l’idée lui vint que s’il avait la chance d’être malade il pourrait rester à la maison. Il passa en revue son organisme sans découvrir aucune sensation morbide. Un second examen lui révéla de vagues symptômes de nausée qu’il s’efforça d’encourager. Mais il eut beau faire : l’estomac était en bon état. Il réfléchit de nouveau. Tout à coup il trouva quelque chose. Une de ses dents de devant branlait. Heureuse aubaine ! Tom allait se mettre à gémir, à « sonner la cloche d’alarme », pour employer son expression, quand il se ravisa. Tante Polly n’acceptait pas ces arguments-là ; elle les arrachait, et cela faisait mal. Mieux valait tenir la dent en réserve et chercher ailleurs. Après s’être creusé la cervelle, il se rap-