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LES AVENTURES DE TOM SAWYER.

Becky ouvrit de grands yeux. Tom vit qu’il venait de commettre une bévue, et il s’arrêta tout déconcerté.

— Ô Tom, vous avez aussi promis de vous marier avec elle lorsque vous serez clown ! s’écria Becky, qui se mit à pleurer.

— Voyons, Becky, ne pleurez donc pas ; je ne peux pas me marier avec elle, puisque c’est vous qui êtes ma promise.

Cette réponse pleine de logique n’ayant produit aucun effet, Tom passa le bras autour du cou de celle qu’il voulait rassurer et s’efforça
La brouille.
de la consoler ; mais Becky, le visage tourné du côté du mur, le repoussa d’un coup de coude. Tom fit une seconde tentative sans meilleur résultat. Alors il se fâcha à son tour et sortit à grands pas de la salle d’étude. Il se promena dans la cour, l’œil fixé sur la porte, espérant que Becky viendrait le rejoindre. Bien que son amour-propre lui conseillât de ne pas faire de nouvelles avances, il se décida à rentrer. Becky boudait toujours dans son coin. Tom s’approcha et se tint un moment silencieux, car il ne savait trop par où débuter. Enfin il dit de sa voix la plus persuasive :

— Becky, je t’aime mieux que personne ; je me moque pas mal d’Amy Lawrence.

Becky ne bougea pas.

— Est-ce que nous ne sommes plus amis ? Veux-tu que je te dessine un cheval ?

Cette offre tentante demeura sans réponse. Tom fouilla dans ses poches, dont il retira son trésor le plus précieux, une boule de cuivre qui, la veille encore, ornait un chenet. Il avança le bras de façon que sa promise pût admirer la boule et dit d’un ton insinuant :