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LES AVENTURES DE TOM SAWYER.

— Rien, rien du tout, répliqua Tom.

Mais sa main trembla tellement qu’il versa sur la nappe la moitié du contenu de sa tasse de café.

— Et puis tu marmottes un tas de bêtises, reprit Sid. Hier tu as crié je ne sais combien de fois : « C’est du sang ! » et après tu as dit : « Ne me tourmentez pas, je raconterai tout ». Qu’est-ce que tu raconteras ?


Joe l’Indien.
Par bonheur, tante Polly vint sans le savoir à l’aide de son neveu.

— Bah ! dit-elle, cet affreux assassinat lui donne le cauchemar. Tâche de ne plus y penser, Tom.

Tom n’aurait pas mieux demandé que de ne plus y penser ; mais ses compagnons de classe ne se fatiguaient jamais de tenir des enquêtes sur un chien ou un chat mort et de raviver ainsi ses tristes souvenirs. Sid remarqua que Tom refusait de remplir l’emploi de coroner dans ces enquêtes, si habitué qu’il fût à accaparer le rôle principal dans tous les jeux nouveaux. Il remarqua aussi que Tom s’abstenait de figurer, même comme témoin, et, dans ces enquêtes, qu’il évitait d’y assister en qualité de simple spectateur. Enfin les enquêtes cessèrent d’être de mode et de torturer la conscience de Tom.

Tous les jours ou tous les deux jours, Tom saisissait une occasion favorable pour courir à la fenêtre grillée de la geôle et pour jeter à l’assassin les bons morceaux dont il avait pu s’emparer. Les offrandes qu’il apportait ainsi en cachette contribuaient beaucoup à calmer ses