Page:Twain - Plus fort que Sherlock Holmès.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous les côtés, et si imperceptibles que le meilleur naturaliste n’aurait jamais pu déterminer à quelle famille appartenait l’oiseau.

Cet incident me dégoûta à tout jamais de la chasse ; si j’y fais allusion aujourd’hui, c’est uniquement pour prouver au lecteur que malgré mon arme je n’étais pas un ennemi redoutable pour l’ours.

On avait déjà vu des ours dans ces parages, à proximité des mûriers. L’été précédent, notre cuisinière nègre, accompagnée d’une enfant du voisinage, y cueillait des mûres, lorsqu’un ours sortit de la forêt, et vint au-devant d’elle. L’enfant prit ses jambes à son cou et se sauva. La brave Chloé fut paralysée de terreur ; au lieu de chercher à courir, elle s’effondra sur place, et se mit à pleurer et à hurler au perdu. L’ours, terrorisé par ces simagrées, s’approcha d’elle, la regarda, et fit le tour de la bonne femme en la surveillant du coin de l’œil. Il n’avait probablement jamais vu une femme de couleur, et ne savait pas bien au fond si elle ferait son affaire ; quoi qu’il en soit, après réflexion, il tourna les talons et regagna la forêt. Voilà un exemple authentique de la