Page:Twain - Plus fort que Sherlock Holmès.djvu/197

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le viser à la tête, entre les deux yeux, mais ceci me parut dangereux. Un cerveau d’ours est très étroit, et à moins d’atteindre le point vital, l’animal se moque un peu d’avoir une balle de plus ou de moins dans la tête.

Après mille réflexions précipitées, je me décidai à viser le corps de l’ours sans chercher un point spécial.

J’avais lu toutes les méthodes de Creedmoore, mais il m’était difficile d’appliquer séance tenante le fruit de mes études scientifiques. Je me demandai si je devais tirer couché, à plat ventre, ou sur le dos, en appuyant ma carabine sur mes pieds. Seulement dans toutes ces positions, je ne pourrais voir mon adversaire que s’il se présentait à deux pas de moi ; cette perspective ne m’était pas particulièrement agréable. La distance qui me séparait de mon ennemi était trop courte, et l’ours ne me donnerait pas le temps d’examiner le thermomètre ou la direction du vent. Il me fallait donc renoncer à appliquer la méthode Creedmoore, et je regrettai amèrement de n’avoir pas lu plus de traités de tir.

L’ours approchait de plus en plus ! À ce mo-