Page:Twain - Plus fort que Sherlock Holmès.djvu/214

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pelouse, et on aperçoit dans la cour un puits ancien qui a désaltéré des générations de gens et de bêtes. L’eau en est délicieusement pure et limpide. Lorsque sévirent les chaleurs de l’été dernier, j’y puisai bien souvent de l’eau, me rencontrant avec les mendiants qui venaient se désaltérer d’une gorgée d’eau claire avant de continuer leur route. Certes, vos vins capiteux peuvent faire briller de convoitise les yeux des convives qui se réunissent autour de tables somptueusement servies ; il n’en reste pas moins vrai que l’eau pure et cristalline constitue une boisson exquise pour les pauvres déshérités de l’existence.

En arrivant à la ferme, je m’aperçus qu’il n’y avait pour tout éclairage qu’une triste bougie à la porte, et je frappai discrètement. On ouvrit aussitôt.

— Palmer est-il là ? demandai-je.

— Non, John est absent ; il ne reviendra qu’après dimanche.

Hélas ! hélas ! il ne me restait qu’à m’en retourner ; reprenant à tâtons la route que je distinguais à peine dans le brouillard au milieu des pêchers, je rentrai dans ma lugubre maison.