Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/153

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— Pardon, je ne dormais pas, je réfléchissais.

— Dans ce cas vous auriez dû commencer par réfléchir au scandale que vous causez ! Vous ne voyez donc pas que vous ameutez toute la rue !

La plaisanterie était de mauvais goût, mais fit rire toute la foule. Je savais bien que je ronflais quelquefois la nuit, mais je ne me serais jamais douté que cela pût m’arriver dans la journée et en pleine rue.

L’agent nous débarrassa de nos guirlandes, il eut même l’air de prendre en pitié notre situation et s’efforça de nous traiter avec affabilité ; mais il nous déclara que nous ne pouvions rester là davantage ; qu’il fallait circuler ; sans cela il serait obligé de nous appliquer la taxe. C’était la loi, disait-il ; il ajouta, non sans une certaine ironie, que j’avais l’air plutôt abruti et qu’il voudrait bien savoir ce que j’avais…

Je l’arrêtai net en disant que j’espérais bien qu’il était permis de fêter un peu cet anniversaire, surtout quand il vous touchait personnellement.

— Personnellement ? demanda-t-il… Comment cela, personnellement ?

— Parce que, répondis-je, il y a 600 ans qu’un de mes ancêtres a signé la Convention.