Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/155

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Je répondis que j’étais courrier. Il en tomba à la renverse et avant qu’il soit revenu à lui, mon cocher, mon cheval et moi, nous avions disparu.

En arrivant à l’hôtel, je montai trois étages pour ne trouver plus personne dans nos appartements. Je n’en fus pas autrement surpris ; il suffit qu’un courrier perde une minute de vue ses clients pour qu’ils aillent immédiatement rôder dans les boutiques. Et cela, généralement, au moment de prendre le train. Je m’assis pour réfléchir à ce qu’il y avait de mieux à faire, mais aussitôt le groom du hall vint me trouver pour m’annoncer que toute la bande était partie à la gare depuis une demi-heure. C’était bien la première fois que ces gens faisaient quelque chose de sensé, mais l’aventure n’en était que plus déconcertante pour moi. La vie d’un courrier est remplie de difficultés et de surprises de cette nature, et c’est généralement au moment où tout semble marcher sur des roulettes, que ses clients se permettent d’intervenir dans un accès de lucidité, en dérangeant toutes ses combinaisons.

Le train devait partir à midi précis. Il était alors midi dix. Je pouvais me rendre à la gare en dix minutes. Évidemment il ne fallait pas s’amuser en route, d’autant que c’était un rapide, et que, sur le