Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/167

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public pour les vieilles idées et son aversion pour toute nouveauté, obstacles qu’ils n’ont ni franchis ni renversés.

La note qui domine dans les vieux livres, chaque fois qu’il s’agit d’idées nouvelles, est un sentiment de méfiance, d’inquiétude, voire parfois de mépris. Au contraire, de nos jours, on ne fait aucun cas des vieilles idées ; on les apprécie d’autant moins qu’elles sont plus anciennes ; mais s’agit-il d’une idée nouvelle, on saute dessus avec enthousiasme, et grand espoir, et, fait curieux, cet espoir a rarement été déçu.

Je ne prétends pas indiquer le moment précis où cette tendance a fait son apparition parmi nous, mais elle est le propre de notre époque ; aucun siècle ne l’accuse avant nous, elle est le signe caractéristique du nôtre ; et voilà pourquoi, sans doute, nous sommes actuellement une race de petits Mercures, aux talons ailés, fiers de leur émancipation — au lieu d’être restés, comme nos ancêtres, une race de cancres balourds, fiers de leur balourdise.

Et la transition entre ce demi-jour, qui dura trente ou quarante siècles, et l’éclatant grand jour d’à présent est si récente que j’ai pu vivre sous ces deux régimes bien que je ne sois pas vieux. Rien de ce qui se passe aujourd’hui ne ressemble à