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des vieux bateaux on ne pouvait fumer que dans le seul endroit appelé « violon », sorte de réduit sordide construit en planches mal équarries et à peine jointes. On n’y voyait pas clair ; pas de sièges ; pour toute lumière, une lampe à mèche infectant l’huile rance ; il y faisait froid aussi, et toujours humide, car les embruns, cinglant à travers les fentes, inondaient parfaitement bien ce taudis. De nos jours, on trouve à bord trois ou quatre grands fumoirs, pourvus de tables à jeu et de sofas bien rembourrés, chauffés à la vapeur, éclairés à l’électricité. Peu d’hôtels en Europe en ont d’aussi bien aménagés.

Les bâtiments du vieux temps, construits en bois, avaient dans la cale deux ou trois compartiments étanches avec des portes, et ces portes restaient souvent ouvertes, de préférence lorsque le bateau venait à donner sur un récif.

Le léviathan moderne est en acier, et ses cloisons étanches n’ont pas de portes ; elles partagent le bâtiment en neuf ou dix compartiments hermétiques qui le rendent aussi dur à crever qu’un chat. À preuve l’accident mémorable survenu, il y a un an ou deux, à la « City of Paris ».

Une chose curieuse qui frappe de suite dans un bateau moderne, c’est l’absence de tapage, de