Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/200

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bruit de pas, de cris de commandement. Tout cela a disparu. Les manœuvres nécessaires pour amener à quai le bâtiment se déroulent sans bruit ; on ne peut rien voir de l’opération, on n’entend pas passer un ordre. Un calme d’une solennité imposante remplace le tumulte infernal d’autrefois. Sur la passerelle spacieuse, tout encadrée de toile, avec son parquet grillagé et ses deux kiosques avant et arrière bien fermés où cent cinquante hommes pourraient tenir assis, il y a trois gouvernails indépendants ; chacun d’eux suffit à commander la direction, si les autres viennent à manquer. Toute la conduite et la manœuvre se font de la passerelle. La manœuvre n’est plus commandée à la voix ni au sifflet, mais à l’aide de signaux à timbre automatique, trois axiomètres munis de cadrans à lettres bien apparentes assurent la direction, la manœuvre et la transmission des ordres aux aides invisibles qui assurent l’accostage ou le démarrage. L’officier qui est à l’avant est hors de vue, trop loin pour entendre les ordres au porte-voix, mais, à ses côtés, le timbre lui signifie de tirer, de filer, d’amarrer, de lâcher, etc… Il entend tout, les passagers n’entendent rien et, de cette façon, le bateau semble accoster de lui-même, sans le secours d’un homme.