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L’équipage d’un « lévrier » moderne comprend deux cent cinquante personnes.

Le navire de Christophe Colomb étant petit et très vieux, nous pouvons à coup sûr en déduire certains détails secondaires qui ont échappé à l’histoire. Par exemple, nous nous doutons un peu, qu’avec ses faibles dimensions il devait rouler, tanguer et « faire bouchon » en mer calme, pour ne plus poser que sur la tête ou sur la queue, et se coucher les oreilles dans l’eau, au moindre coup de mer ; nous supposons que les lames devaient s’y promener comme chez elles et balayer son pont de l’avant à l’arrière ; que les « violons » étaient installés à table en permanence, ce qui n’empêchait pas la soupe des hommes de passer plus souvent sur leurs genoux que dans leur estomac ; que la salle à manger pouvait avoir dix pieds sur sept, était sombre, étouffée, puant l’huile à plein nez ; que la seule cabine du bord, — grande comme une tombe — contenait une rangée de deux ou trois couchettes, étroites et étranglées comme des cercueils, et qu’une fois la lumière éteinte il y faisait une obscurité lugubre si compacte qu’on aurait pu mordre dedans et la mâcher comme un morceau de caoutchouc. Nous en déduirons encore qu’on ne pouvait se promener que sur le pont supérieur