— Henri, vous pouvez me tirer de cette impasse ! Vous seul pouvez sauver ma situation. Le voulez-vous ? — Dites, répondez-moi vite ?
— Dites-moi comment, mon cher ; parlez vite.
— Donnez-moi un million et mon passage pour l’Amérique ; en échange je vous abandonne toutes les actions de la mine. Voyons, acceptez-vous ?
À cette proposition, je sentis mon sang se glacer dans mes veines ; j’avais envie de lui crier :
— Mais, mon pauvre Lloyd, vous oubliez que je suis moi-même un panné, un pauvre diable sans un sou vaillant et pourri de dettes !
Pourtant, je fis bonne contenance et j’essayai de maîtriser mon émotion en serrant fortement la mâchoire ; tel un capitaliste sûr de lui-même, je lui répondis avec un aplomb imperturbable :
— Eh bien oui, Lloyd, je vous sauverai.
— Oh ! merci mille fois, mon cher ami ; mon bonheur est désormais assuré. Si seulement je pouvais…
— Laissez-moi achever, Lloyd. Je vous sauverai, mais à ma façon ; car je veux que maintenant vous n’ayez plus à courir le moindre risque. Je n’ai pas besoin d’acheter des mines ; je préfère au contraire laisser en circulation mes capitaux ; mon crédit n’en sera que plus grand à Londres. Voici donc ce