Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/70

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moindre courbe ; les plus longues s’étendent droites à l’infini ; si elles s’infléchissent légèrement à droite ou à gauche, elles reprennent ensuite leur rectitude à perte de vue. Le résultat de cette configuration fait qu’à la nuit Berlin offre un coup d’œil magnifique. Le gaz et l’électricité sont dépensés largement, de sorte que, de quelque côté qu’on se tourne, on a partout devant soi une double rangée de reverbères puissants, avec çà et là une magnifique gerbe lumineuse qui éclaire les « Platzen » ; entre ces interminables rangées de lumières, on voit aussi les innombrables lanternes des fiacres, qui ajoutent gaiement leur note claire à ce beau spectacle ; elles donnent l’idée d’une invasion de vers luisants.

Une chose encore vous frappe à Berlin : c’est la situation absolument plane de la ville.

En résumé, la ville est plus neuve à l’œil qu’aucune autre, plus éclairée et plus ordonnée ; pas une autre cité n’a l’air aussi spacieux, et n’est mieux à l’abri des encombrements ; pas une n’offre autant de rues droites, et Berlin peut facilement disputer à Chicago la platitude de son aspect comme aussi la prodigieuse rapidité de son développement.

Berlin est le Chicago européen. Les deux villes ont à peu près la même population — environ