Page:Twain - Un pari de milliardaires, et autres nouvelles.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Il y a armistice pendant le banquet : trêve à la guerre et place à la camaraderie.

La fête commença. L’orchestre dissimulé joua une marche militaire : puis il y eut une pause. Les étudiants de l’estrade se levèrent, ceux du centre burent à l’Empereur, puis toute la salle se leva, les verres en main. Au commandement : Un, deux, trois ! ils furent tous vidés d’un seul trait, et posés bruyamment et en cadence sur les tables, en donnant l’illusion d’un grondement de tonnerre. À partir de ce moment, et pendant une heure, on chanta des chœurs à tue tête.

Après chacune des chansons, un petit nombre d’invités — les professeurs — arrivèrent par groupes. Comme s’ils étaient prévenus par un signal convenu, les étudiants de l’estrade saluèrent l’entrée du professeur ; ils se levèrent tous en même temps, dans une attitude militaire, les talons réunis, et dégainèrent leurs sabres.

Tous les étudiants de garde à chacune des innombrables tables en firent autant ; cette attitude martiale donnait à la fête un éclat inusité.

Un clairon fit entendre trois appels ; les sabres s’abaissèrent bruyamment par deux fois sur les tables, puis ils furent relevés. Aussi loin que l’œil s’étendait, on apercevait les uniformes aux couleurs