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sans en jouir ; puisque, enfin, nous nous aimons virilement et cordialement, et que je suis bien certain de n’être jamais tenté d’effacer ton nom de cette première page, permets-moi de te dédier, ou plutôt de te dévouer ce livre.

J’atteste des principes qui nous sont communs ; je combats encore pour des idées qui nous sont chères ; ce que j’ai oublié ici, tu l’as dit ailleurs ; nos efforts ne se font pas concurrence ; ils se répondent et se complètent. Nous sommes un dialogue fraternel, et nous invoquons la Justice et la Liberté.

Ces deux muses sont rangées parmi les faux dieux. Beaucoup de gens bien pensants, parmi ceux qui ne pensent pas, mettent une sorte de point d’honneur orthodoxe à les nier ou à les bafouer. Nous nous glorifions, nous, de notre idolâtrie, et nous acceptons fièrement les anathèmes qu’elle nous attire.

J’ignore l’accueil qui sera fait à ce livre. Mais, comme le blâme s’y rencontre plus fréquemment que l’éloge, je suis heureux que ton nom me cautionne et m’aide à repousser le reproche de dénigrement systématique. Ton amitié répondra de mon cœur, ton estime de ma loyauté.

Je ne me sens vulnérable que sur un point. Quel malheur que la bonne volonté ne puisse pas suppléer au talent, ou que je ne puisse pas te faire écrire ces pages que j’ai méditées avec toi !

louis ulbach.


Paris, avril 1857.