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LETTRE TRENTE-DEUXIÈME

Doutant de ma parfaite guérison, je ne voulais pas t’écrire avant l’arrivée de mon oncle, que nous attendions de jour en jour. Eh bien ! j’ai résolûment subi l’épreuve : mon oncle est revenu, et si je n’ai pas eu l’air précisément enchanté du présent qu’il veut me faire, au moins j’ai joué la pensionnaire qui accepte, sans empressement comme sans répugnance, le premier mari qu’on lui présente.

Ah ! mon Albertine, que ce prétendu est loin de Lucien sous tous les rapports ! Certainement il n’est pas mal : c’est un grand et gros garçon de vingt-six ou vingt-sept ans, sanglé dans son uniforme, haut en couleur, blond, aux moustaches soigneusement effilées ; en un mot, ce qu’on appelle un beau soldat ; mais il se tient si raide ! Et puis, quelle conversation ! Toujours la garnison, toujours le régiment ! Voilà ce que j’entends depuis quarante-huit heures, voilà