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UN ÉTÉ À LA CAMPAGNE


tandis que moi j’en ai un si pitoyable sous les yeux, car il n’y a rien de changé dans le personnel que je gouverne.

Ton maudit oncle ne me sort pas de la tête ; éveillée ou endormie, je l’ai sans cesse sous les yeux ; c’est une véritable apparition qui ne me quitte plus. Depuis que tu m’as décrit d’une façon si pittoresque toutes les perfections de ta tante, sais-tu que je n’ose plus jeter les yeux sur moi ; comparez-vous donc à une statue !

Je suis aussi une sincère admiratrice de sa vertu. Jeune comme elle est, belle comme tu me l’as dépeinte, ayant les passions vives, on n’en saurait douter d’après ce que tu as vu, aller s’enfermer dans une solitude, se soustraire aux empressements de nombreux adorateurs, et se contenter, au lieu d’une séduisante réalité, d’une grossière, d’une grotesque imitation de la nature ! N’est-ce pas là de l’héroïsme en fait de fidélité con-