Page:Un été à la campagne, 1868.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
LETTRE DIXIÈME

J’ai à surveiller la grange, que madame Pruneau, — c’est son nom, ne m’en accuse pas, — notre cordon-bleu, visite bien souvent.

Il faut te dire que la grange est sous la direction immédiate de M. Nicolas, frère cadet de mademoiselle Victoire, très-gentil petit blond, dont madame Pruneau, une grosse réjouie d’une trentaine d’années, au teint rubicond, a commencé l’éducation.

L’honorable M. Pruneau fricote en Angleterre pour le moment ; il est de toute justice que madame occupe ici ses loisirs. L’art culinaire ne lui prenant que le jour, elle consacre ses soirées à l’enseignement.

J’espère un jour assister à une de ses leçons qui se donnent le plus souvent entre dix et onze heures du soir ; je trouverai bien le moyen de me glisser derrière quelque innocente botte de foin ou autre part. L’amour de la science fait surmonter tous les obstacles.