Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/243

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Stelle ne trouvoit jamais rien de mauvais de tout ce qu’Aminthe vouloit. De ceste sorte elles vesquirent si privément, qu’il n’y avoit rien de caché entre elles.

Mais en fin Lysis fils du berger Genetian, laissant les valons gelez de Mont-Lune, descendit dans nostre plaine, où ayant veu Stelle en une assemblée générale, qui se faisoit au temple de Venus, vis à vis de Mont-Suc, lors mesme qu’Astrée eut le prix de beauté, il en devint de sorte amoureux, que je ne croy pas qu’il ne le soit encores au tombeau. Et elle le trouva tant à son gré, qu’apres plusieurs voyages, et plusieurs messages, ses affections passerent si avant, que Lysis luy fit parler de mariage, à quoy elle fit toute telle response qu’il eust sceu d ce temps-là Salian fut contraint de faire un voyage si lontain, qu’il ne sceut rien de tout ce traitté, outre qu’elle s’estoit desja prise une si grande authorité sur soy mesme, qu’elle ne luy communiquoit oas beaucoup de ses affaires. D’autre costé, Aminthe la voyant si tost resolue à ce mariage, plusierus fois luy demanda si c’estoit à bon escient, et qu’il luy sembloit qu’en chose de si grande importance, il y falloit bien regarder. – Ne vous en mettez point en peine, luy dit-elle, je sortiray aisément de cest affaire.

Sur cela, Lysis, qui poursuivoit fort vivement, prit jour assigné pour faire l’assemblée, et se mit aux despenses accoustumées en semblable occasion, tenant son mariage pour asseuré. Mais l’humeur coustumiere de plusieurs femmes, de ne faire personne maistre de leur liberté, l’empescja de continuer son premier dessein, qu’elle tascha de rompre par des demandes tant desraisonnables, qu’elle croyoit que les parents et amis de Lysis n’y consentiroient jamais; mais l’amour qu’il luy portoit, estant plus fort que toutes ces difficultez, elle fut en fin