Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/268

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ne sçay quelle je fusse devenue ; mais elle, pleine de discretion, sans attendre la fin de ceste vilanelle, l’interrompit de ceste sorte, s’adressant à moy.

Madrigal


de Daphnis sur l’amitié qu’elle porte à Diane.

Puis qu’en naissant, belle Diane,
Amour des cœurs vous fit l’aimant,
Pourquoy dit-on que je profane
Tant de beautez en vous aimant,
Si par destin je vous adore ?

Que si l’amour le plus parfait,
Comme on dit, de semblance naist,
Le nostre sera bien extreme
Puis que de vous et moy ce n’est
Q’un sexe mesme.

Et afin de mieux couvrir la rougeur de mon visage, et faire croire que je n’avois point pris garde aux paroles d’Amidor, aussi tost que Daphnis eut finy, je luy respondis ainsi :

Madrigal


sur le mesme sujet.

Pourquoy semble-t’il tant estrange,
Que fille comme vous estant,
Toutesfois je vous aime tant ?
Si l’amant en l’aimé se change,
Ne puis-je pas mieux me changer,
Estant bergere en un berger ?

Apres nous, chacun selon son rang, chanta quelques vers, et mesme Filandre, qui avoit la voix tres-bonne, quand ce vint à son tour, dit cestuy-cy d’une fort bonne grace.

Stances

de Filandre, sur la naissance de son affection.

Que ses desirs soient