Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/632

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A nous separer d’amitié,
Que nostre amitié ferme et saincte
A nous rejoindre, et nous unir:
Aussi bien de regret attainte
Je mourrois la voyand finir.

Et toy, vieux saule, dont l’escorce
Sans plus defend des saisons,
Dy moy, n’ay-je point de raisons
De me plaindre de ce divorce,
Et de t’en addresser mes cris ?
Combien avons-nous nos escrits
Fiez dessous la seure garde,
Dans le creux du tronc my-mangé ?
Mais ores que je te regarde,
Combien, saule, tout est changé!

Ces pensers eussent plus longuement retenu Celadon en ce lieu, n’eust esté la survenue du berger desolé, qui plaignant continuellement sa perte, s’en venoit souspirant ces vers:

Sur une trop prompte mort


Vous qui voyez mes tristes pleurs,
Si vous saviez de quels mal-heurs
J’ay l’ame attainte,
Au lieu de condamner mon oeil,
Vous adjousteriez vostre dueil
Avec ma plainte.

Dessous l’horreur d’un noir tombeau,
Ce que la tere eut de plus beau
Est mis cendre.
O destin trop plein de rigueur!
Pourquoy mon corps comme mon cœur
N’y peut descendre ?

Elle ne fut plustot ça bas