Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/139

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de quelque autre ; car veritablement, si je desire de vous ravoir, c’est bien pour le salut de quelqu’un, mais pour celuy seulement de ce Thamire que Celidée a tant aymé, qui advouant sa faute, ne la veut plus pretendre sienne par autre raison que par celle de son extréme affection, et qui ne voulant entrer en autre jugement avec elle qu’en celuy de l’amour, se jette à ses genoux, et proteste par tous les dieux de n’en bouger jamais qu’il n’ait perdu la vie, ou recouvré le bonheur d’estre encore aymé de Celidée.

A ce mot, il se jeta en terre, et luy embrassant les jambes, luy arrosoit le giron avec ses larmes, dont presque toute la compagnie fut esmeue, mesme Celidée, pour ne luy en donner cognoissance, luy mettant une main contre le visage, tourna la teste de l’autre costé.

Alors la nymphe, voyant qu’ils ne vouloient rien dire d’avantage, se leva, et tirant Paris, les bergeres et Silvandre à part, leur demanda ce qu’il leur sembloit de ce different. Les advis furent divers, les uns panchant d’un costé, et les autres d’un autre ; en fin toutes choses ayant esté longuement debatues, apres que chacun se fut remis en sa place, elle prononça son jugement de telle sorte.

Jugement de la nymphe Leonide

Trois choses se presentent