Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/166

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hameau, avec dessein que si, en y allant, il ne rencontroit Diane, il se mettroit en queste d’elle aussi tost qu’il auroit disné. Et de fait, ne l’ayant point trouvée, se depeschant le plus promptement qu’il peut du repas, il sortit son troupeau de l’estable qui l’appelloit, comme ayant attendu, et prit le sentier qui conduisoit à la fontaine des sicomores, esperant d’apprendre là de ses nouvelles. En quoy il ne fut point deceu ; car estant arrivé à l’entrée de la grande prairie qui la touche, et estendant la veue de tous costez, il luy sembla de la voir avec Astrée, assise à l’ombre de quelques buissons. Amour le rendit incontinent desireux d’ouyr leurs discours, sans estre apperceu, luy semblant qu’elles estoient fort attentives à leur ouvrage. Et pour venir à bout de son dessein se remettant dans les bois d’où il sortoit, il alla suivant les arbres jusques prés du lieu où elles estoient, si doucement que, sans estre apperceu, il pouvoit ouyr tout ce qu’elles disoient, ayant laissé son troupeau un peu derriere dans le bois, sous la garde de ses chiens. Et en ce mesme temps Astrée parloit de cette sorte à Diane : C’est sans doute que Phillis ne mérite pas que vous preniez cette peine, et moins encores de porter ces beaux cheveux. Et faut que j’advoue que je me sens en quelque sorte touchée de jalousie, quoy que je n’aye point fait fait de gageure avec elle, comme Silvandre ; car je ne voudrois