Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/214

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qui va du costé des Sebusiens. De ce lieu on voit le Rosne d’un costé, et de l’autre l’Arar, et quand on veut estendre la veue, on voit du costé du Rosne la forest de Mars, ditte d’Erieu. Que si les arbres eslevez n’empeschoient l’œil, il n’y a point de doute qu’il s’esten-droit plus de ce costé là que de tout autre. Quand on se tourne vers le temple de Venus, on voit jusques aux monts des Segusiens ; quand on regarde l’Arar, on voit jusques aux Sequanois ; et quand on estend la veue entre le Rosne et l’Arar, vous voyez: jusques aux affreuses montaignes des Allobroges, par delà la plaine des Sebusiens. Que s’il n’y avoit quelques roches qui s’opposent, on verroit mesme jusques aux Secusiens ; parce qu’outre que le lieu est fort relevé, encor y a-t’il une tour qui est merveilleuse pour sa hauteur, au sommet de laquelle il y a un cabinet ouvert des quatre costez, afin qu’on puisse plus aisément jouyr de la beauté de ceste veue.

C’estoit en ce lieu que Clorian se retiroit d’ordinaire. Et quand il se pouvoit dérober des compagnies, il montoit en sa tour, et de là jettant les yeux sur la plaine des Sebusiens, il demeuroit comme ravy-en sa pensés, qui ne se divertissoit jamais de Circéne, quelque objet qui se presentast à ses yeux.

Il advint que Hylas estant familier avec luy, comme je vous ay dit, ne le trouvant point dans le bas du logis, se douta bien qu’il estoit